Sommaire Le congĂ© lĂ©gal annuel, Ă©galement appelĂ© "congĂ© annuel de recrĂ©ation", est un droit accordĂ© Ă  tout salariĂ© ayant travaillĂ© pendant 3 mois sans interruption auprĂšs du mĂȘme employeur. La durĂ©e du congĂ© annuel est fixĂ©e Ă  26 jours ouvrables par annĂ©e, indĂ©pendamment de l’ñge du salariĂ©. Mieuxvaut donc que l'utĂ©rus soit bien cicatrisĂ©. Mais si la femme est de nouveau enceinte 3 mois aprĂšs et qu'une nouvelle cĂ©sarienne s'impose, il n'y a pas mort d'homme. Parole de maman : On m'a conseillĂ© d'attendre 1 an avant de retomber enceinte. Ça tombe bien, le prochain n'est pas prĂ©vu pour tout de suite ! Uneplainte doit ĂȘtre dĂ©posĂ©e dans un dĂ©lai de 6 mois de la fin de l’emploi. Le dĂ©lai est de 6 mois de l’action reprochĂ©e dans certains cas prĂ©cis (p.ex., fausses dĂ©clarations au moment de l’embauche, frais pour trouver un emploi). Dans d’autres cas, l LaRoue de Fortune est le dixiĂšme des arcanes majeurs, selon l’ordre numĂ©rique. Le nombre 10 a le nombre 1 comme nombre nuclĂ©aire (10 = 1 + 0 = 1). Le nombre 10 ouvre et dĂ©bute sur un nouveau cycle d’évolution. Ce cycle va se dĂ©rouler sur un autre niveau, un plan plus subtil que le prĂ©cĂ©dent. LeshĂ©ritiers (indirects) de ma propriĂ©taire (dĂ©cĂ©dĂ©e en janvier dernier), aprĂšs avoir exercĂ© de fortes pressions, durant plusieurs mois pour me pousser Ă  quitter mon logement (en cours de bail, dont l’échĂ©ance/ou BonjourĂ  toutes, j'ai accouchĂ© il y a 6 mois par cĂ©sarienne et je voulais savoir si il y a un dĂ©lai "raisonnable" Ă  respecter avant une deuxiĂšme grossesse ? Si l'une d'entre vous a . Passer au contenu Site de Julien Machillot info PrĂ©sentationAtelier archĂ©galitĂ©Meetic et MetooCours de philosophieCours de philosophie 2020Cours de philosophie 2018Cours de philosophie 2017Cours de philosophie 2016Livres en venteContact 0 Un seul crime, l’amour Ecrit philosophique de Julien Machillot Meetic et Metoo – 2020 Un seul crime, l’amour Titre du livre publiĂ© par Mary Letourneau et Vili Fualaau en 1998, aux Ă©ditions Fixot pour la traduction française A la fin des annĂ©es quatre-vingt-dix, une relation amoureuse entre une institutrice de 33 ans, Mary Kay Letourneau, et un jeune homme de 12 ans, Vili Fualaau, qui venait d’ĂȘtre un de ses Ă©lĂšves, a dĂ©frayĂ© la chronique aux Etats-Unis. Cette histoire est apparue dans ce pays puritain au dernier degrĂ© comme un scandale bientĂŽt trĂšs largement connu, dont s’est lamentablement repue l’opinion pendant des mois. L’immense intĂ©rĂȘt de cette histoire – notamment lorsqu’on s’y intĂ©resse Ă  l’aune du livre que Mary Kay, Vili Fualaau et la mĂšre de celui-ci, Soona Fualaau ont publiĂ© ensemble en 1998, aprĂšs le second procĂšs qui a envoyĂ© Mary Kay pour sept ans et demi en prison – est qu’il s’agit d’une histoire d’amour Ă©vidente, parfaitement incontestable, qui de plus ne se prĂ©sente absolument pas comme une histoire de pĂ©dophilie. Je voudrais ici rendre compte de cette histoire oubliĂ©e en citant le plus possible le livre Ă©crit alors que Mary Kay Letourneau Ă©tait en prison, de façon Ă  leur donner la parole. Ce qui est absolument terrible en ce moment est la façon dont le rĂ©el du dĂ©sir et des rencontres est recouvert par des propos extĂ©rieurs, par du bricolage idĂ©ologique totalement creux, la parole et la pensĂ©e des gens Ă©tant violemment niĂ©e, barrĂ©e, parfois par ceux-lĂ  mĂȘme qui ont vĂ©cu une histoire et qui dĂ©cident rĂ©troactivement de la renier et de ne plus y voir qu’un mal, corrompant par lĂ  dĂ©finitivement la beautĂ© intrinsĂšque de ce qui avait pu avoir lieu. Je propose donc ici de mĂ©diter la possibilitĂ© radicale d’un amour vrai entre un adulte et un enfant. Que Mary n’était absolument pas pĂ©dophile, nombre de ses propos l’atteste, et la mĂšre de Vili, Soona, en a elle-mĂȘme rapidement pris conscience En Ă©coutant Mary, j’ai bien compris qu’elle n’avait pas prĂ©mĂ©ditĂ© de se retrouver au lit avec mon fils. Elle n’avait pas du tout ce genre d’intention, mais voilĂ , une Ă©tincelle a allumĂ© le feu de bois, et une chose en amĂšne une autre. J’ignore ce qui s’est passĂ© dans sa tĂȘte, pour que ça arrive, tout ce que je sais, c’est qu’elle n’était pas assez forte pour refuser ce que mon fils voulait d’elle. Et, Dieu me pardonne, quand il veut faire quelque chose, si je ne suis pas lĂ  pour le surveiller, il le fait. » 42, 43 La raison de faire ressurgir cette histoire plus de vingt ans aprĂšs est qu’il apparaĂźt vite qu’à l’aune de celle-ci, la situation a empirĂ© au dernier degrĂ©, au point que le puritanisme amĂ©ricain est en passe, avec les mouvements fĂ©ministes actuels, de s’installer dĂ©finitivement en France. Alors qu’elle Ă©tait en prison, Mary Kay a reçu un certain nombre de lettres J’ai reçu Ă©galement beaucoup de lettres et d’appels venant du monde entier et notamment d’Europe. L’histoire avait Ă©tĂ© publiĂ©e en France dans certains journaux, et en l’espace de quelques semaines j’ai reçu une centaine de lettres de France. Pas une n’était nĂ©gative Ă  mon sujet. Chacun de mes correspondants m’apportait son soutien et pensait que j’étais victime d’une injustice. Il n’y avait pas de lettres d’injure
 » Aujourd’hui, la situation semble avoir bien changĂ©, et pour le pire. Il est fort Ă  parier que si cette histoire avait lieu actuellement, Mary Kay recevrait de France une centaine de lettres d’insultes et non plus de soutien. Mary Kay Letourneau a grandi dans une famille amĂ©ricaine bourgeoise conservatrice, rĂ©publicaine et catholique. Son pĂšre, John Schmitz, pour qui elle a toujours vouĂ©e une grande admiration, n’était pas tout Ă  fait n’importe qui aprĂšs avoir Ă©tĂ© membre du CongrĂšs sous Nixon, il s’est prĂ©sentĂ© aux Ă©lections prĂ©sidentielles amĂ©ricaines de 1972. RĂ©publicain trĂšs conservateur, un jour, Ă  l’occasion de la visite historique de Nixon en Chine, il a dĂ©clarĂ© qu’il ne voyait pas d’objection Ă  ce que Nixon aille en Chine, sa seule objection Ă©tait qu’il en revienne ». Quant Ă  Mary Kay elle-mĂȘme, elle s’est trĂšs tĂŽt, dĂšs l’enfance, envisagĂ©e comme mĂšre et institutrice, ce qu’elle est devenue. Elle a eu quatre enfants de Steve Letourneau, et est devenu institutrice. Il n’est peut-ĂȘtre pas inutile de souligner qu’outre son implication quasiment sans limite dans son travail auprĂšs des Ă©lĂšves, pour lesquels elle se dĂ©pensait sans compter, disposant d’une vaste expĂ©rience scolaire du fait des incessants dĂ©placements dus aux activitĂ©s politiques de son pĂšre durant toute son enfance, elle s’est forgĂ©e trĂšs tĂŽt une orientation et une conception trĂšs affirmative et engagĂ©e de son mĂ©tier d’institutrice. Un des points Ă©tait le suivant QuatriĂšmement mes plans Ă  court terme pour une Ă©ducation rĂ©ussie comprennent des cours prĂ©paratoires en langue, une formation particuliĂšre pour les Ă©lĂšves douĂ©s 
. Je m’intĂ©resse beaucoup aux Ă©lĂšves qui possĂšdent des dons particuliers. Nombre de mauvais Ă©lĂšves sont douĂ©s dans des domaines non conventionnels, talents qu’en ma qualitĂ© d’enseignante je peux repĂ©rer et encourager ». Vili Fualaau sera un cas typique de mauvais Ă©lĂšve » dont elle dĂ©cĂšlera des dons immenses, en particulier pour le dessin. Mais de tous les Ă©lĂšves qu’elle a eu et auquel elle s’est consacrĂ©e pendant plusieurs annĂ©es, on sent que Vili est celui qui a poussĂ© son travail jusqu’à son point d’impossible, et cela a Ă©tĂ© la condition du basculement dans la rencontre amoureuse. Elle raconte la façon dont, dĂ©jĂ  trĂšs fragilisĂ©e par l’échec total de son mariage, il lui arrivait de quitter sa classe en pleurant devant ses Ă©lĂšves, ne pouvant supporter les Ăąneries interminables de son Ă©lĂšve malgrĂ© tout son dĂ©vouement professionnel. Elle disait aussi j’ai toujours pensĂ© que Vili serait un jour un grand artiste, peut-ĂȘtre mĂȘme le futur Picasso. Ce qui m’agaçait et me mettait parfois en colĂšre, c’est que son parcours scolaire ne l’aidait pas ». D’une certaine maniĂšre, la situation d’enseignement Ă©tait avec lui une situation Ă©vĂ©nementielle, oĂč l’enseignement est au bord du vide, confrontant l’enseignant Ă  un choix tout Ă  fait radical ou bien abandonner la partie, abandonner l’enfant Ă  son sort, ou bien accepter de basculer dans un autre registre, complĂštement diffĂ©rent, capable de franchir l’obstacle, de forcer l’impossible par la crĂ©ation d’une possibilitĂ© existentielle entiĂšrement neuve et insoupçonnĂ©e. C’est un point crucial Mary Kay n’est pas tombĂ©e amoureuse de son Ă©lĂšve parce qu’elle Ă©tait sexuellement attirĂ©e par les enfants, mais prĂ©cisĂ©ment parce qu’elle Ă©tait une vraie enseignante, une pĂ©dagogue hors pair. Sans cela, il est clair qu’une femme de sa trempe ne se serait jamais aventurĂ©e dans une telle relation. Cependant, l’autre facteur dĂ©terminant a Ă©tĂ© l’échec de son mariage avec Steve Letourneau, qu’elle raconte en dĂ©tail et sur lequel je ne m’attarderai pas, et donc le fait qu’elle se soit Ă  cette occasion dĂ©couverte une question mĂ©taphysique » commune avec celle de Vili Fualaau oĂč mĂšne le chemin ? ». La difficultĂ© d’orienter Vili dans l’existence se nouait intimement avec sa propre dĂ©sorientation existentielle. Au-delĂ  de son enseignement, c’était donc en quelque sorte sa vie entiĂšre qui se retrouvait d’une certaine maniĂšre au bord du vide ». Le destin de Vili Fualaau est lui-mĂȘme trĂšs singulier. Il raconte que lui et toute sa famille sont des Samoans, des PolynĂ©siens amĂ©ricains, mĂȘme s’il est nĂ© Ă  HawaĂŻ, oĂč sa mĂšre a grandi. Sa mĂšre est venue vivre aux Etats-Unis aprĂšs avoir quittĂ© son mari. Ici Ă  Seattle, la communautĂ© s’est installĂ©e surtout en banlieue sud, prĂšs des usines Boeing, dans des quartiers comme Burien et White Center qui sont trĂšs proches l’un de l’autre. Je ne crois pas que nous ressemblons aux autres habitants des Ăźles du Pacifique Sud, ou aux Asiatiques, qui eux aussi vivent en communautĂ© Ă  Seattle, comme les Cambodgiens, les Vietnamiens ou les Philippins. Ils ont toujours l’air de se battre entre eux ces types. Les Samoans, eux, forment une vraie communautĂ© soudĂ©e et fraternelle. Tout le monde sait que les Samoans sont des types costauds, et personne va leur chercher de crosse. On appelle Hood » le coin oĂč nous vivons. Un raccourci de neighborhood en amĂ©ricain. Ce n’est pas vraiment un ghetto, ou un endroit de ce genre, mais il y a des gangs et tout ça, et chacun a son propre territoire dans le Hood ». Le mien s’appelle Roxbury Hood », un genre de banlieue ouvriĂšre, oĂč l’on trouve beaucoup d’ethnies diffĂ©rentes. Il y a des gens qui louent leur maison, pas trĂšs cher, mais aussi beaucoup de gens propriĂ©taires. Des gangs se sont formĂ©s dans le coin, c’est comme ça qu’on se sent forts. Il se passe des tas de trucs dans le Hood », des vols de voiture, de magasins, des bagarres, toutes ces choses. J’étais dans un gang qui piquait des bagnoles, Ă  un moment, juste pour rouler avec pendant quelques jours. Si des concurrents Ă©trangers se pointent dans le quartier, ou mĂȘme des flics, on est trĂšs vite au courant, on surveille. Si un autre gang essayait de s’installer dans le Hood », il y aurait sĂ»rement de la bagarre. Mais je ne crois pas que ce soit dĂ©jĂ  arrivĂ©. Parfois les choses peuvent tourner Ă  la violence, mais ce n’est pas souvent, quoique, une fois, j’étais dans une voiture, et quelqu’un a carrĂ©ment tirĂ© dessus. Ce sont des jeunes pour la plupart, mais quand on a vingt et un ans ou plus, on peut tomber dans le vol Ă  main armĂ©e, la drogue et mĂȘme se retrouver mort. C’est ça grandir dans le Hood ». MalgrĂ© tout ça je prĂ©fĂšre grandir ici que dans des quartiers de Blancs, comme Bellevue ou Renton, lĂ  oĂč sont les gosses de riches. C’est pas une histoire de racisme, parce que dans les gangs que je frĂ©quente, il y a aussi des Blancs, comme mon copain Chris. Mais il vaut mieux grandir dans le Hood », moi je dis que ça ouvre les yeux d’un mec vite fait, alors que si on grandit dans les quartiers riches, on est des singes, on apprend rien sur la façon dont le monde tourne. C’est ce que je pense. Des fois on descend en ville, juste rigoler aprĂšs les singes, ces jeune Blancs gosses de riches, rien que des nuls. Quand on est arrivĂ©s ici, j’avais environ quatre ans, et maman Ă©tait seule pour Ă©lever et nourrir quatre gosses. La maison Ă©tait toujours emplie de monde, des tantes, des oncles, des cousins, des amis. Maman travaillait tout le temps dehors, et il fallait presque que je me dĂ©brouille tout seul Ă  mon Ăąge. Ça m’a fait grandir vite. Il y avait des jours oĂč la maison Ă©tait tellement pleine de monde, qu’on entendait discuter et crier et rĂąler dans tous les coins. J’aurais bien voulu me trouver un endroit pour dessiner tranquillement. J’ai commencĂ© Ă  dessiner tout ce qui me passait par la tĂȘte, quand on est venus de Hawaii. Je fais ça facilement, et les gens disent toujours que c’est super. Je sais que c’est bien, et que j’ai un vrai talent, pas seulement parce que les gens le disent, mais parce que je regarde aussi ce que font les autres artistes, et bien souvent je trouve ça nul. » 61-62 Le rapport Ă  son pĂšre, avant d’en ĂȘtre sĂ©parĂ©, Ă©tait fait Ă  la fois de haine et d’admiration. Haine contre sa violence, mais admiration envers un homme qui lui paraissait ĂȘtre un chef important de l’üle, un chef de gang ou de mafia. Il l’a en fait trĂšs peu connu, sa mĂšre Soona s’étant sĂ©parĂ©e de lui pour Ă©chapper Ă  sa violence je crois bien qu’il Ă©tait dans le trafic des drogues, il devait livrer par-ci par-lĂ , brutaliser et cogner les gens et tout ça. Il avait l’air de tout contrĂŽler sur cette putain d’üle d’Hawaii. Je suppose que j’ai dĂ» fantasmer sur lui, je croyais que c’était quelqu’un Ă  qui il fallait ressembler. Je me souviens qu’une fois, on Ă©tait sur la plage et mon frĂšre Perry s’est fait prendre par un mauvais courant, il Ă©tait entraĂźnĂ© de force. Mon pĂšre a foncĂ© dans les vagues, il l’a arrachĂ© de l’eau comme un rien. Ce jour-lĂ , il a sauvĂ© Perry de la noyade. Je suis retournĂ© Ă  Hawaii depuis, la famille m’a aidĂ© Ă  remplir un peu les trous Ă  propos de mon pĂšre, moi je savais pas vraiment qui c’était. Il paraĂźt que c’était un sale mec finalement, qu’il Ă©tait tout le temps en prison, et en plus qu’il y a fumĂ© du crack. Un truc que j’aime pas du tout. » La figure dĂ©terminante de la vie de l’enfant Vili a Ă©tĂ© non son pĂšre, mais sa mĂšre, Soona, que manifestement il aimait, respectait et craignait tout Ă  la fois. Figure d’autoritĂ© et figure centrale de la famille. Les choses s’éclaircissent dans le rĂ©cit que fait Mary du temps qui a suivi l’accouchement, Ă  l’hĂŽpital Quelques temps plus tard, j’ai eu l’impression que le peuple samoan tout entier surgissait dans ma chambre. Soona, Leni et Seni, la sƓur et la tante de Vili, sont arrivĂ©s. L’ambiance dans la chambre a aussitĂŽt changĂ©. Vili, rĂ©fugiĂ© prĂšs de la fenĂȘtre, s’est fait tout petit sur sa chaise, tandis que Soona occupait le centre de la scĂšne, installĂ©e dans un rocking-chair, le bĂ©bĂ© dans les bras. La maniĂšre dont Vili se rapetissait ainsi devant sa mĂšre me contrariait. Les Samoans ont, il me semble, un systĂšme matriarcal qui Ă©crase les hommes. Voir l’ĂȘtre que l’on aime se retrouver brusquement dans cette situation est assez bouleversant. On avait dĂ©libĂ©rĂ©ment mis de cĂŽtĂ© Vili, tassĂ© sur sa chaise contre la fenĂȘtre, et sa mĂšre avait pris la situation en main. Heureusement, nous avions eu le temps d’ĂȘtre un peu seul, Vili avait pu prendre le bĂ©bĂ© dans ses bras et lui parler comme un pĂšre. » 247 Mais le plus intĂ©ressant est le rapport de Soona Ă  son fils. C’est d’elle que lui vient son surnom de Bouddha, et elle a trĂšs tĂŽt considĂ©rĂ© que Vili Ă©tait une vieille Ăąme dans un jeune corps ». Soona tient son fils pour responsable de ce qui s’est passĂ© avec Mary. Or, qu’une mĂšre puisse tenir son fils mineur pour responsable de sa relation avec une femme adulte est dĂ©terminant, car cela signifie la possibilitĂ© de l’amour aux yeux de la mĂšre elle-mĂȘme, ou plus prĂ©cisĂ©ment la capacitĂ© d’ĂȘtre sujet dans le registre de l’amour. Bien sĂ»r, cela ne va pas au dĂ©part sans une profonde incomprĂ©hension, mais elle finit par l’accepter, et par se rallier Ă  l’amour de Mary et Vili contre la loi et le jugement Soona Il y a une pĂ©riode oĂč j’aurais volontiers Ă©tranglĂ© Mary pour ce qu’elle avait fait. D’abord, je ressentais de la colĂšre en tant que mĂšre, elle avait trompĂ© la confiance que j’avais en elle. Non seulement Mary est aussi une mĂšre, mais nom d’un chien, elle Ă©tait l’institutrice de Vili ! Pourtant aujourd’hui, assise sur ce banc de la salle d’audience, je la regarde et j’ai envie de lui tendre les bras. Si je pouvais seulement ĂȘtre Ă  ses cĂŽtĂ©s et lui montrer que je la soutiens. Si je pouvais m’avancer pour l’embrasser devant tous ces gens, la rassurer, lui dire que tout ira bien. Je sais bien pourtant, au fond de moi, que rien n’ira bien, qu’elle va les prendre, ces sept ans et demi de prison, mais ça ne fait rien, elle a mon soutien, et j’aurais voulu montrer aux autres qu’ils auront beau l’enfermer, la punir autant qu’ils voudront, mon cƓur est avec elle, et je ne ressens plus aucune colĂšre envers elle. Je suis sincĂšrement dĂ©solĂ©e Ă  prĂ©sent, je m’en veux de ne pas avoir le cran de la prendre dans mes bras, lĂ , devant tout le monde. Je crains tous ces journalistes, et leurs rĂ©actions. Beaucoup ont dĂ©jĂ  entendu parler de moi, ils connaissent mon nom, mais personne ne connaĂźt mon visage, et il vaut mieux que ça reste ainsi. En allant au tribunal ce matin, je me demandais encore comment je rĂ©agirais vis-Ă -vis de Mary. La colĂšre ou le pardon ? Je n’étais sĂ»re de rien, jusqu’au moment oĂč je l’ai vue arriver dans la salle d’audience, avec ses boucles blondes, ses grands yeux d’enfant Ă©carquillĂ©s, l’air tellement perdu et dĂ©sorientĂ©. A cette minute j’ai compris que mon cƓur Ă©tait avec elle. Je me suis assise dans un coin, loin des regards insistants des journalistes, en essayant de contenir ma rage aprĂšs eux
 C’est la maniĂšre dont il la traite qui me met en rogne. Je suis une femme simple, je comprends des choses simples. Et ce que j’entends ici ne me plaĂźt pas. La cour dit qu’elle a commis un crime. Le viol de mon fils, qu’ils disent, mais moi je n’ai jamais vu ça comme un viol. Ou alors ce viol est une drĂŽle de chose. J’ai toujours cru que le viol, c’était prendre quelqu’un contre sa volontĂ©. Et qu’est-ce qu’on a dans cette histoire ? On a deux parties consentantes, deux personnes conscientes de ce qui s’est passĂ© entre eux, et qui le dĂ©siraient. Je sais bien, moi, que ce n’est pas un viol, et Dieu le sait aussi. SĂ»r que c’était un adultĂšre, ça, je ne peux pas dire le contraire, mais pas un viol ! Ils ne connaissent pas mon fils ! En Ă©coutant les avocats et le juge, les choses se compliquent encore dans ma tĂȘte. Je finis par me demander Ă  quoi servent nos lois. J’ai toujours pensĂ© qu’elles Ă©taient faites pour nous protĂ©ger, mĂȘme si je sais qu’il est impossible de traiter chaque cas sĂ©parĂ©ment, de l’examiner individuellement, selon ses caractĂ©ristiques propres. Mais il faudrait aussi admettre que certaines choses sont particuliĂšres dans la vie. On ne peut pas toujours suivre la loi Ă  la lettre. A mon avis, c’est le cas pour Mary et Vili. C’était un mercredi, quand les policiers m’ont appelĂ©e pour la premiĂšre fois Ă  cause de tout ça. Le lendemain, ils arrĂȘtaient Mary et l’inculpaient. Un tas de gens voyaient le problĂšme diffĂ©remment, chacun avait son idĂ©e, et moi, j’avais dĂ©jĂ  les idĂ©es confuses, tout embrouillĂ©es. Quand il se passe quelque chose, je tente toujours de comprendre par moi-mĂȘme comment c’est arrivĂ©, et pourquoi. C’est ce que j’ai essayĂ© de faire. J’ai tĂ©lĂ©phonĂ© Ă  Mary pour qu’on se rencontre quelque part dans la marina, un endroit Ă  peu prĂšs tranquille. C’est assez drĂŽle, car j’ai appris plus tard que c’était lĂ  que Vili et elle se rencontraient souvent. J’avais dĂ©cidĂ© d’emmener une amie avec moi pour ce rendez-vous. A cause de l’état d’esprit dans lequel j’étais Ă  ce moment-lĂ , en colĂšre, inquiĂšte, et aussi parce que je ne savais pas comment les choses allaient tourner. On est arrivĂ©es Ă  la marina vers 9 heures du soir, il faisait dĂ©jĂ  sombre, Mary Ă©tait en retard, et quand elle s’est enfin montrĂ©e, le parking Ă©tait dĂ©jĂ  fermĂ©. Nous sommes allĂ©es de l’autre cĂŽtĂ© de la route, dans le parking du restaurant, chez Anthony. Il y avait beaucoup de monde, avec tous ces gens qui entraient et sortaient, et personne ne nous a prĂȘtĂ© attention. On est restĂ©es dans la voiture de mon amie, pour discuter. Je n’avais vraiment qu’une seule question Ă  lui poser Pourquoi ? » Et je l’ai rĂ©pĂ©tĂ©e plusieurs fois Dis-moi seulement pourquoi c’est arrivĂ©, Mary ? L’ambiance a chauffĂ© par moments, quand j’élevais la voix. Parce qu’elle me parlait d’amour, et de son intime conviction, au plus profond de son Ăąme
 Moi, je n’étais pas lĂ  pour entendre ces salades. Je lui rĂ©pĂ©tais Non, Mary, dis-moi pourquoi, c’est tout. Dis-moi comment c’est arrivĂ© ! Elle Ă©tait incapable de me fournir une explication, et jusqu’à ce jour, alors que le tribunal va l’envoyer en prison pour la deuxiĂšme fois, pour sept ans et demi, elle ne m’a toujours pas dit pourquoi. Ce soir-lĂ , recroquevillĂ©e dans la voiture sur le siĂšge du passager, Mary m’a fait pitiĂ©, elle Ă©tait pathĂ©tique, enfantine, Ă  sangloter en marmonnant tous ces trucs sur l’amour et le reste. J’ai essayĂ© de m’y prendre autrement Pourquoi tu n’es pas venue me voir ? On aurait pu s’en sortir ensemble ! J’aurais peut-ĂȘtre piquĂ© une colĂšre, fulminĂ© aprĂšs vous deux, sĂ»rement mĂȘme, mais ça ne serait pas sorti de ma maison ! On se serait dĂ©brouillĂ©es, on aurait trouvĂ© une solution. C’était la meilleure façon de faire, j’en suis toujours persuadĂ©e. » 9-11 Elle ajoute Je lui disais tout ça, et elle hochait la tĂȘte, en m’implorant toujours de comprendre que l’amour qu’ils avaient l’un pour l’autre Ă©tait exceptionnel. Ça m’a fichue en rogne Ă  nouveau, j’avais pas besoin de ce genre de parenthĂšse romantique pour le moment ! Comme tout le monde, comme n’importe qui, je ne voyais que le problĂšme de l’ñge. Mary, il faut que tu regardes les choses en face, c’est un gosse de treize ans ! Et tu es une femme mariĂ©e, avec un tas de gosses dĂ©jĂ . T’as un fils qui a pratiquement le mĂȘme Ăąge que Vili
 Mais elle arrĂȘtait pas de dire Je sais, je sais, je sais
 C’est toi la plus vieille dans tout ça, tu le savais bien, tu n’aurais pas dĂ» te laisser faire
 dis-le moi maintenant, de mĂšre Ă  mĂšre, entre quatre yeux, hein ? Pourquoi ? Pourquoi c’est arrivĂ© ? On est restĂ©es lĂ  dans la voiture, peut-ĂȘtre deux heures, et je n’ai pas eu de rĂ©ponse. Mais au moment de la quitter, mĂȘme si mon cƓur ne comprenait toujours pas, j’avoue qu’il lui avait au moins pardonnĂ©. Une mĂšre ne peut que prier quand son enfant aime vĂ©ritablement celui ou celle qu’il a choisi. Pour que leur union ne soit pas superficielle, mais basĂ©e sur des sentiments profonds, sur ce qu’ils peuvent s’apporter l’un Ă  l’autre. Et je commençais Ă  comprendre qu’elle aimait vraiment mon fils, mĂȘme s’il n’avait que treize ans. J’ai toujours dit, et je l’ai rĂ©pĂ©tĂ© bien des fois depuis, Vili, c’est une vieille Ăąme dans un jeune corps ». Et Mary l’a en quelque sorte prouvĂ©. 
 A prĂ©sent, je vais ĂȘtre tĂ©moin, dans cette cour, d’une parodie de justice. Je ne suis venue lĂ  que parce que l’avenir des enfants me concerne. D’abord, il y a Audrey, le bĂ©bĂ© de Mary et Vili. Ma prĂ©occupation est qu’elle devra grandir sans connaĂźtre sa mĂšre. Les autres enfants de Mary, qui sont avec leur pĂšre, auront tous des souvenirs de Mary en tant que mĂšre, ils auront toujours des petites choses en commun, des choses faites ensemble, des images d’enfance. Mais les souvenirs d’Audrey ne viendront que de sa grand-mĂšre, de son arriĂšre-grand-mĂšre et de la famille de son pĂšre. Dans le meilleur des cas, elle ne saura que peu de choses Ă  propos de sa mĂšre. J’ai bien essayĂ© de convaincre les gens de la prison de me laisser lui emmener l’enfant, mais ils se sont montrĂ©s inflexibles. Ne voient-ils pas qu’ils sont tout simplement en train de dĂ©possĂ©der une petite fille de sa mĂšre ? Le silence est pesant. Au moment oĂč le juge Ă©nonce la sentence, je suis sous le choc. A ce moment prĂ©cis, je voudrais ĂȘtre avec elle. J’avais beau m’attendre Ă  ce qu’elle Ă©cope des sept ans et demi qu’on lui avait promis la premiĂšre fois, j’avais malgrĂ© tout gardĂ© un petit espoir et je suis triste pour Mary Ă  prĂ©sent. Je suis triste aussi pour tous ceux qui sont embarquĂ©s dans ce pĂ©trin. Pour elle, pour sa famille, son avocat, mon fils, ma petite-fille, et ses quatre autres enfants. La seule personne pour laquelle je ne ressens rien, c’est son mari. Mais pour Mary, c’est comme si quelqu’un de ma famille venait de mourir. C’est tellement dommage, elle avait tant de cartes en main, et elle a tout perdu. Elle a dĂ©jĂ  sacrifiĂ© sa libertĂ© une fois et, pour la retrouver, elle devait dĂ©jĂ  payer un certain prix ne plus revoir mon fils et ses enfants. Je pense que Mary s’était dit que, mĂȘme hors de prison, elle resterait une prisonniĂšre, car le prix qu’on lui demandait, en particulier de ne plus revoir ses propres enfants, Ă©tait bien trop Ă©levĂ©. Ça, je peux dire que je n’arrive pas Ă  y croire ! MĂȘme un meurtrier a le droit de voir ses gosses, un meurtrier peut coller les photos de tous ceux qu’il aime sur les murs de sa cellule. Pas Mary. Si un mari tue sa femme, il a toujours le droit de voir ses enfants, et il a le droit de les retrouver dĂšs l’instant oĂč il sort de prison. Pas Mary. La loi, dans sa grande sagesse, a dĂ©cidĂ© qu’elle n’était pas capable de voir ses enfants et Vili sans leur faire de mal, alors qu’elle les aime du fond du cƓur. » 41-44 On voit bien, si on laisse pour l’instant de cĂŽtĂ© la question de la justice et de la loi, que la difficultĂ© pour Soona est qu’elle ne peut que se convertir Ă  l’amour de son fils sans jamais avoir la rĂ©ponse Ă  sa question pourquoi ? », pour la simple et bonne raison que l’amour est sans pourquoi. L’amour est en quelque sorte comme la rose de la sentence mystique d’Angelus Silesius que commente longuement Heidegger dans Le principe de raison La rose est sans pourquoi, fleurit parce qu’elle fleurit, N’a souci d’elle-mĂȘme, ne dĂ©sire ĂȘtre vue ». 104 L’amour est sans pourquoi, il ne saurait relever d’aucun principe de raison suffisante, puisque son origine est Ă©vĂ©nementielle et bouleverse la ligne de partage entre le possible et l’impossible. L’absence de pourquoi caractĂ©rise certainement tout Ă  la fois ce qu’il y a de meilleur et ce qu’il y a de pire dans la vie humaine. Aux antipodes de l’incomprĂ©hension de Soona, on trouve l’histoire racontĂ©e par Primo Levi dans Si c’est un homme, au moment oĂč il dĂ©couvre en tant que dĂ©tenu juif le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz Et justement, poussĂ© par la soif, j’avise un beau glaçon sur l’appui extĂ©rieur d’une fenĂȘtre. J’ouvre, et je n’ai pas plus tĂŽt dĂ©tachĂ© le glaçon, qu’un grand et gros gaillard qui faisait les cent pas dehors vient Ă  moi et me l’arrache brutalement. Warum ? » dis-je, dans mon allemand hĂ©sitant. Hier ist kein warum » ici il n’y a pas de pourquoi, me rĂ©pond-il en me repoussant rudement Ă  l’intĂ©rieur. L’explication est monstrueuse, mais simple en ce lieu, tout est interdit, non certes pour des raisons inconnues, mais bien parce que c’est lĂ  prĂ©cisĂ©ment toute la raison d’ĂȘtre du Lager. Si nous voulons y vivre, il nous faudra le comprendre, et vite. » 29 On voit la diffĂ©rence entre le bon et le mauvais sans pourquoi » le mauvais consiste en la prescription d’un nouvel interdit Ă©tendant le champ de l’impossible et Ă©crasant la vie humaine, tandis que le bon sans pourquoi » consiste Ă  transgresser un interdit afin de forcer l’impossible vers la crĂ©ation d’une possibilitĂ© nouvelle rendant la vie humaine plus vaste et plus haute. Par ailleurs, Soona a parfaitement raison de considĂ©rer son fils comme ayant Ă©tĂ© Ă  l’initiative de la rencontre amoureuse. Mary le rĂ©sume trĂšs bien Ce jour-lĂ , dans ma voiture, j’étais face Ă  l’incertitude totale quant Ă  mon avenir, et je songeais Ă  Vili Fualaau. J’aimais vivre seule, cela m’arrivait parfois, j’étais parfaitement heureuse de l’existence elle-mĂȘme, de mon rĂŽle de mĂšre et d’enseignante. Je ne songeais nullement Ă  rencontrer un partenaire. Je ne cherchais rien, jusqu’à ce que je sois brutalement accostĂ©e par Vili. A prĂ©sent, je n’avais plus beaucoup de chance d’y Ă©chapper. J’étais lĂ , dans ma voiture, hĂ©bĂ©tĂ©e. Mais aussi la tĂȘte pleine d’incrĂ©dulitĂ© et de colĂšre. Car je savais intimement, Ă  ce moment-lĂ , qu’il Ă©tait devenu mon compagnon pour la vie, et j’espĂ©rais ĂȘtre sa compagne. Mais nous Ă©tions trop amoureux, et je sentais surtout que les rĂšgles de la sociĂ©tĂ© contemporaine allaient nous perdre et nous blesser. Je savais que nous venions de franchir une barriĂšre dĂ©terminante dans notre relation. » 138 Tout cela place Vili Ă  des annĂ©es lumiĂšres de toute considĂ©ration en termes de victime traumatisĂ©e » ! Du reste, le meilleur moyen de s’en rendre compte, c’est de l’écouter et de juger sur piĂšce. VoilĂ  comment il raconte sa premiĂšre rencontre avec la police, liĂ©e Ă  cette affaire Vili Les flics se sont pointĂ©s Ă  l’école pour venir me chercher. J’avais sĂ©chĂ© un cours, pour aller fumer dans les toilettes, en sortant je suis tombĂ© sur la principale, Mme Baily, et une autre femme que je connaissais pas. Oh ! Vili ! Justement nous te cherchions. Merde. J’allais me faire gauler pour avoir sĂ©chĂ© le cours. On s’est tous retrouvĂ©s dans le bureau du conseiller d’éducation, Ă  cĂŽtĂ© de celui de la principale. Ça avait l’air sĂ©rieux. J’attendais que les emmerdements me tombent dessus. Et voilĂ  que cette bonne femme dit qu’elle est inspectrice. LĂ , je me demande ce que j’ai bien pu faire
 Un truc que j’aurai oubliĂ©, ou alors j’ai pas eu de bol, on m’aura vu fumer aux alentours de l’école
 Je pensais vraiment qu’elle Ă©tait venue me coincer pour un truc de ce genre, mais la voilĂ  qui me balance aussi sec de ne pas me faire du souci et que j’ai pas d’ennuis
 LĂ , je me demandais encore plus ce qui se passait. J’ai bien pensĂ© Ă  Mary, mais sans y croire vraiment, jusqu’à ce qu’elle me demande Tu connais Mme Letourneau ? Evidemment
 voilĂ  pourquoi elle Ă©tait lĂ . Ça m’a scandalisĂ©. Je connais pas de grands mots pour le dire scandalisĂ© ! Cette espĂšce de tordue de flic, ce rat humain avec ses petits yeux vicelards, ses grandes oreilles et son nez de fouine ! Elle posait la question mine de rien si je connaissais Mary ! Et elle raconte qu’elle est dĂ©jĂ  au courant de notre liaison, et de toute l’affaire sexuelle. Putain, j’avais la trouille ! Je savais que Mary pouvait aller en prison, Ă  cause de notre diffĂ©rence d’ñge. La flic a dit qu’elle s’appelait Maley, et elle s’est mise Ă  faire la gentille avec moi, polie et attentive, comme si j’étais malade. Elle m’a emmenĂ© comme ça, dans sa voiture, jusqu’au poste de police du centre-ville. Elle avait mĂȘme pas prĂ©venu ma mĂšre ni rien, et pendant le trajet elle s’est mise Ă  vouloir discuter de mon cas » et Ă  me demander des trucs du genre Est-ce que Mary t’a manipulĂ© ? », Est-ce qu’elle t’a forcĂ© Ă  faire des choses avec elle ? » J’avais beau lui dire qu’il n’y avait rien de tout ça dans l’histoire, elle marmonnait et elle arrĂȘtait pas de m’interroger. Elle voulait absolument que Mary m’ait forcĂ© Ă  faire l’amour. Et moi je rĂ©pĂ©tais Mais non
 Non
 et non. » Elle me traitait comme un gosse de cinq ans ! Elle me parlait comme Ă  un mĂŽme ! Elle se foutait de moi ou quoi ? On est arrivĂ© au poste, on s’est assis Ă  son bureau, et lĂ  elle a tĂ©lĂ©phonĂ© Ă  ma mĂšre pour tout lui raconter sur Mary. Elle en dĂ©bitait, des conneries ! Et moi je me disais GagnĂ© ! Merci, salope ! Merci ! GrĂące Ă  toi je vais me faire botter le cul Ă  la maison. » AprĂšs ça, elle a demandĂ© si je voulais rentrer chez moi, ou qu’on m’emmĂšne quelque part ailleurs. J’ai rĂ©pondu ailleurs, je voulais pas rentrer Ă  la maison. AprĂšs ça, elle a dit qu’elle me ramĂšnerait quand mĂȘme chez moi, mais qu’elle avait encore quelques questions Ă  poser Ă  ma mĂšre. Elle les a posĂ©es. Pendant ce temps-lĂ  je me demandais ce qui s’était passĂ©. Qu’est-ce qui avait bien pu arriver Ă  Mary ? J’étais vachement inquiet que Mary ait fait une connerie, se suicider ou un truc comme ça. La flic Maley avait bien vu que ça m’embĂȘtait qu’elle ait appelĂ© ma mĂšre, alors elle a dit que si elle me battait elle aurait des problĂšmes, donc qu’elle n’avait pas intĂ©rĂȘt Ă  me toucher. Ouais
 super ! Encore merci ! AprĂšs son coup de fil, elle a demandĂ© si j’avais faim, et elle m’a emmenĂ© dans un restaurant chinois. LĂ , elle a commencĂ© Ă  me raconter qu’elle avait dĂ©jĂ  eu Ă  s’occuper de cas de mineurs comme le mien. Puis elle a dit Est-ce que tu veux que tout ça s’arrĂȘte ? LĂ , j’étais pas sĂ»r de ce qu’elle voulait dire. Que s’arrĂȘte ma liaison avec Mary ou qu’elle arrĂȘte de me gonfler avec ses questions ? Alors j’ai rĂ©pondu Ouais. » Au hasard. Je savais plus oĂč j’en Ă©tais, et ce qui attendait Mary. On mangeait, elle Ă©tait en train de poser encore des questions sur Mary, et tout Ă  coup elle demande un truc complĂštement bizarre. Est-ce que tu pourrais avoir une relation avec une femme comme moi ? Alors là
 j’ai seulement rĂ©pondu que je savais pas
 J’aurais bien dit carrĂ©ment Non », mais je voulais pas la mettre en rogne. AprĂšs ça on est retournĂ©s Ă  son bureau. Chaque fois que j’essayais de lui expliquer ma liaison avec Mary, elle m’interrompait Incident » avec Mary. Elle voulait pas du mot liaison ». Mais ça voulait dire quoi incident » ? On a un incident, avec une femme ? Elle tournait comme ça autour de petits dĂ©tails, et Ă  un moment elle a demandĂ© Est-ce qu’elle a essayĂ© de t’enlever tes vĂȘtements ? Je me rappelle pas. J’en avais marre. Je voulais plus parler Ă  cette femme, plus rien lui dire. Mais elle continuait Est-ce que Mary t’a forcĂ© Ă  faire quelque chose ? Sais-tu ce que signifie rapports sexuels » ? Combien de fois l’as-tu fait avec Mary ? Ça me paraissait un chiffre raisonnable. J’ai pas dit zĂ©ro, parce que Mary Ă©tait enceinte et qu’ils auraient fait un test pour savoir de qui Ă©tait le bĂ©bĂ©. Mais je lui ai pas dit la vĂ©ritĂ© non plus, la vĂ©ritĂ© c’est entre deux et trois cents fois. Parce que j’avais peur qu’on lui colle des charges en plus, et qu’on l’enferme pour le restant de sa vie. Je savais que c’était dĂ©jĂ  sĂ©rieux, mais si notre liaison n’avait pas l’air normale pour les autres, alors lĂ , ça deviendrait vraiment grave pour elle. Six, je trouvais que ça avait l’air normal, moi. Pendant quatre, cinq, peut-ĂȘtre six heures je suis restĂ© lĂ  Ă  me faire chier avec cette flic. J’aurais voulu ĂȘtre ailleurs, j’en avais marre qu’elle me pose tout le temps les mĂȘmes questions sur les mĂȘmes trucs. J’en suis arrivĂ© au point oĂč je regrettais presque d’avoir sautĂ© Mary. J’étais mal, je commençais Ă  me sentir coupable de tout ça. Je me disais Si seulement je pouvais remonter le temps, j’aurais plus jamais l’idĂ©e de baiser mon prof. J’y penserais pas une seconde ! » AprĂšs toute cette salade avec la flic, ça m’a passĂ©. Je regrette pas. Mais sur le moment
 merde ! J’en pouvais plus. J’ai commencĂ© Ă  dessiner n’importe quoi sur du papier, un ange, parce qu’à ce moment-lĂ  j’étais fana des anges, et quand j’ai eu fini la flic Maley a dit que ça lui plaisait beaucoup et elle l’a accrochĂ© dans son bureau. Maintenant elle doit raconter Ă  tout le monde qu’elle est mon amie ! Tu parles d’une amie ! » 225-228 Ce rĂ©cit est Ă  la fois drĂŽle et trĂšs choquant. ExtrĂȘmement comique par ce que la position d’énonciation de Vili fait surgir de grotesque dans le rapport Ă  lui des adultes qui le prennent pour une victime, mais aussi franchement sinistre et dĂ©goĂ»tant par ce qui s’y rĂ©vĂšle du comportement de la commissaire chargĂ©e de l’interroger. Ce qui ressort de tout cela avec la derniĂšre brutalitĂ©, et qui sera une constante du rapport des flics et autres autoritĂ©s au jeune Vili, c’est qu’à aucun moment il n’est Ă©coutĂ©, Ă  aucun moment ce qu’il peut avoir Ă  dire de ce qui a eu lieu ne sera pris en compte. Sa parole est entiĂšrement et dĂ©finitivement niĂ©e a priori du fait mĂȘme de son assignation, Ă  la fois juridique et d’opinion, en tant que mineur, Ă  la catĂ©gorie de victime. Victime » se rĂ©vĂšle ici pour ce que c’est une catĂ©gorie violente et barbare de nĂ©gation de l’expĂ©rience et de la subjectivitĂ© rĂ©elles de celui qui est envisagĂ© de l’extĂ©rieur comme relevant de son extension. Le pire est que la commissaire ait pu oser poser une question telle que est-ce que tu pourrais avoir une relation avec une femme comme moi ? ». La rĂ©ponse est Ă©videmment non ». Mais de quel droit en dĂ©duire que dans ce cas, le jeune homme ne saurait dĂ©sirer avoir une relation avec Marie ? Ici opĂšre le recouvrement de la singularitĂ© absolue du dĂ©sir et de l’amour par l’idĂ©ologie des critĂšres de rencontre » propagĂ©e depuis par les sites de rencontre tel Ăąge, telle taille, tels loisirs, etc. ! Vili fait le bilan de son rapport aux autoritĂ©s avec une parfaite luciditĂ© J’y comprend rien. Qu’est-ce qui s’est passĂ© au fond ? Ils ont arrĂȘtĂ© Mary. VoilĂ  ce qui s’est passĂ©. Elle s’est encore fourrĂ©e dans le pĂ©trin. Comment elle fait pour se coller tout le temps dans la merde comme ça ? La premiĂšre fois, pour la premiĂšre arrestation, on ne pouvait pas y Ă©chapper. Ces saletĂ©s de flics sont arrivĂ©s, l’air au courant de tout, me racontant qu’ils Ă©taient dĂ©solĂ©s pour moi, qu’ils allaient me sortir de lĂ , j’avais qu’à leur raconter ce qui s’était passĂ©. Tous le genre sympa les mecs, j’avais qu’à leur dĂ©baller mon histoire, et ils allaient m’aider, ils voyaient bien que j’étais une pauvre victime et tout un tas de trucs comme ça. M’aider ? Sans blague ? Vraiment m’aider ? Tout ce qu’ils ont fait c’est de foutre ma vie en l’air et celle de Mary avec. Si c’est ça aider quelqu’un ! Pourquoi ne pas nous foutre la paix tout simplement ? Comme si j’étais une victime ! Moi ? Tu parles. Des conneries tout ça. Rien que du flan. Le seul mal qu’on m’a fait, c’est eux qui l’ont fait en dĂ©barquant. C’est comme ça que tout a commencĂ© Ă  aller de travers. DĂšs que Mary a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e, tout le monde s’est pris pour un fichu expert en la matiĂšre, sans blague, ils ont commencĂ© Ă  dĂ©cortiquer ce qui s’était passĂ©, Ă  porter des jugements sur tout, sans savoir le plus petit morceau de vĂ©ritĂ© sur nous deux. Tous ces experts Ă  la noix passaient leur temps Ă  dire qu’on m’avait fait du mal, que j’étais traumatisĂ© Ă  cause de mon Ăąge, que c’était horrible qu’une femme occupant un tel poste de confiance ait pu en tirer avantage. Mais de quoi ils parlaient tous ces imbĂ©ciles ? Non seulement ils n’écoutaient pas ce que j’avais Ă  dire, mais ils ne s’adressaient mĂȘme pas Ă  moi ! Je pensais exactement comme dans cette chanson Ă  la mode que j’écoutais souvent Allez tous vous faire foutre ! » » 23-24 Les procĂšs Venons-en maintenant aux procĂšs de Mary Kay Letourneau. Les choses se sont dĂ©roulĂ©es en deux Ă©tapes. Dans un premier temps, sur le conseil de son avocat, elle a acceptĂ© de plaider coupable et de se dĂ©clarer malade mentale », dĂ©linquante sexuelle », ce qui revenait Ă  accepter la qualification juridique de sa relation avec Vili comme relevant d’un viol », en Ă©change de quoi elle ne serait en prison que le temps du procĂšs et ne serait pas jugĂ©e comme criminelle ». Seulement, cela signifiait aussi qu’elle s’engageait Ă  suivre un traitement pour sa maladie mentale » psychiatres, thĂ©rapies de groupe avec de rĂ©els violeurs patentĂ©s
 et surtout qu’à l’issue du procĂšs elle acceptait de cesser dĂ©finitivement de voir et Vili, et ses propres enfants ! Mary Kay AprĂšs ma premiĂšre arrestation, on m’avait laissĂ©e en libertĂ©. En attendant que le juge statut sur mon sort, j’avais acceptĂ© de suivre un programme d’aide psychologique. Et d’y perdre mon temps Ă  subir les expertises et les Ă©valuations mentales. On voulait me faire entrer dans une de leurs boĂźtes, me cataloguer. Tout le monde Ă©tait convaincu que je souffrais de certains dĂ©sordres de la personnalitĂ©. Lorsque nous avions choisi ce systĂšme de dĂ©fense avec mon avocat, j’y croyais. D’abord David Gehrke avait confirmĂ© ce que m’avait dit la police si je plaidais coupable pour viol, je ne serais condamnĂ©e qu’à subir le programme d’aide aux dĂ©linquants sexuels. D’aprĂšs lui, c’était lĂ  mon unique option ». Ensuite les options se sont rĂ©duites et prĂ©cisĂ©es ou bien j’acceptais le programme, ou bien j’allais en prison pour sept ans et demi. En dĂ©pit de tout ce que j’avais pu dire, de mon espoir de rĂ©gler l’affaire entre les deux familles, pour Ă©viter les mĂ©dias, je n’avais que deux solutions accepter d’ĂȘtre une malade mentale, ou ĂȘtre enfermĂ©e. Je me pose toujours des questions sur la lĂ©gislation de notre Etat pourquoi la loi n’a-t-elle rien prĂ©vu entre ces deux options ? » 231 Elle ajoute La premiĂšre audience avait Ă©tĂ© fixĂ©e au mois d’aoĂ»t, je devais en principe y plaider coupable de viol. Je savais qu’à la fin du dĂ©lai accordĂ© par la cour, je devrais aller en prison en attendant que le juge reçoive les rapports des nombreux psychiatres et psychologues qui s’étaient penchĂ©s sur mon cas. Ils avaient trois semaines pour rendre leur dossier. Ce qui signifiait trois semaines de prison prĂ©ventive Ă  partir du mois d’aoĂ»t car, selon la loi de l’Etat, quiconque plaide coupable d’agression sexuelle doit rester enfermĂ© dans l’attente de son procĂšs. 
 La sĂ©ance devant le tribunal a Ă©tĂ© courte. Les mĂ©dias en ont fait trop en clamant plus tard que j’avais suppliĂ© qu’on m’aide ». Alors que j’avais dit Aidez-nous tous
 » Ils n’ont ni Ă©coutĂ© ni retranscrit correctement les trois malheureuses phrases que j’ai eu le droit de prononcer. Lorsque j’ai dĂ©clarĂ© j’ai mal agi », j’étais sincĂšre. Ce que j’avais fait Ă©tait mal, contre les principes de ma religion, car j’étais encore mariĂ©e. J’avais donc tort, moralement autant que lĂ©galement. Moralement vis-Ă -vis de l’Eglise, et lĂ©galement parce que j’avais rompu mon contrat de mariage. Lorsque j’ai dĂ©clarĂ© Cela ne se reproduira plus, je vous en prie, aidez-moi », je voulais en fait dire que j’allais divorcer, et que la situation serait diffĂ©rente. Je ne voulais pas dire que je ne reverrai plus Vili, je n’ai jamais voulu dire cela. Seulement que je ne me mettrais plus dans ce genre de situation. Et lorsque j’ai dit aidez-nous tous », il est vrai que je rĂ©clamais de l’aide, et cela a pu paraĂźtre trĂšs ambigu. Aidez-nous tous
 Ne dĂ©truisez pas deux familles, laissez-nous nous aimer, donnez-nous la chance d’élever notre enfant, laissez-moi continuer Ă  ĂȘtre la mĂšre que j’avais toujours Ă©tĂ©. Mais pour pouvoir comprendre, encore fallait-il Ă©couter chacune de ces trois phrases. Je n’avais pas le droit de plaider plus longtemps ma cause. Mon avocat l’avait fait. Et lorsqu’un juge vous demande en fin d’audience, Ă  brĂ»le-pourpoint, sĂšchement, d’un air presque mĂ©prisant AccusĂ©e, avez-vous quelque chose Ă  ajouter ? »  Mon Dieu, j’aurai eu tant Ă  dire que j’en tremblais. La premiĂšre audience passĂ©e, je me prĂ©parais Ă  entrer en prison, espĂ©rant que j’allais supporter cette nouvelle Ă©preuve sans trop de dĂ©gĂąts. On m’avait enlevĂ© Audrey, qui par bonheur avait Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  Soona et Vili. Je devais subir encore d’autres tests psychologiques. Les trois semaines d’incarcĂ©ration devaient durer jusqu’au 29 aoĂ»t, jour de mon retour devant le tribunal, cette fois pour y entendre la sentence. D’aprĂšs mon avocat, je pouvais, en restant plus longtemps incarcĂ©rĂ©e, bĂ©nĂ©ficier d’une consultation avec l’un des meilleurs psychiatres, agréé par le tribunal, le docteur Copeland. Quel que soit le dĂ©lai, et le temps que cela prenne, je devrais suivre en attendant un traitement destinĂ© aux dĂ©linquantes sexuelles. Je ne comprenais toujours pas que l’on puisse me considĂ©rer comme telle. La date de la sentence tardait Ă  venir, j’étais dans le flou. Les trois semaines de prison sont devenues six, puis neuf semaines. Durant lesquelles j’ai eu l’insigne honneur de recevoir le traitement du docteur McGuire, psychiatre renommĂ©. Il Ă©tait convaincu que j’appartenais Ă  la catĂ©gorie des maniaco-dĂ©pressifs. J’ai acceptĂ© de prendre un mĂ©dicament qui devait avoir un effet sur ce dĂ©sordre du comportement. Son effet principal s’est rĂ©vĂ©lĂ© en une semaine, je perdais mes cheveux par paquets. Chaque fois que je me lavais la tĂȘte, ils me restaient entre les mains. C’était effrayant comme sensation. On aurait dit que je suivais une chimiothĂ©rapie. Et je devais tenir deux semaines encore, malgrĂ© les effets de cette drogue qui me perturbait considĂ©rablement. Plus mes cheveux tombaient vite, plus le temps passait lentement. J’ai toujours eu une excellente mĂ©moire, la capacitĂ© d’organiser Ă©normĂ©ment de choses dans ma tĂȘte. Ma mĂ©moire aussi s’en allait. Le plus pĂ©nible Ă©tait de commencer Ă  faire quelque chose, puis au beau milieu de me retrouver complĂštement perdue, l’esprit vide, tout idĂ©e effacĂ©e de mon cerveau. Ensuite, il fut dĂ©cidĂ© que je devais passer entre les mains du docteur Copeland, celui que nous attendions, David et moi. Il avait enfin pu se rendre disponible pour un rendez-vous en prison. Il acceptait de m’intĂ©grer dans son programme de rĂ©habilitation. David ne pouvait pas assister Ă  ce rendez-vous, il avait envoyĂ© Ă  sa place un de ses collaborateurs. J’attendais avec lui, dans la salle des avocats de la prison, de rencontrer ce docteur Copeland. Il a posĂ© une premiĂšre condition, il acceptait de me prendre dans son programme Ă  la condition expresse que je n’aie plus aucun contact avec mes enfants pendant dix mois. Aucun contact, c’est-Ă -dire pas d’appels tĂ©lĂ©phoniques, pas de cartes postales ou de lettres, pas de nouvelles du tout. J’étais pĂ©trifiĂ©e. Ensuite il m’a expliquĂ© que la grande majoritĂ© des dĂ©linquants sexuels dont il s’occupait Ă©taient des violeurs, des pĂšres de famille incestueux envers leurs filles. Je lui ai demandĂ© immĂ©diatement Bon, dites-moi combien de ces pĂšres violeurs ont accouchĂ© d’une fille ? Vous en avez combien dans ma situation ? Il ne m’a pas rĂ©pondu. Je lui ai dit que j’acceptais ses conditions concernant l’interdiction de voir mes enfants, mais je voulais que sur le dĂ©lai de six mois il prenne en compte la longue pĂ©riode pendant laquelle nous avions dĂ©jĂ  Ă©tĂ© sĂ©parĂ©s et n’avions plus eu aucune vie de famille. Il a refusĂ©, froidement. Et il a ajoutĂ©, pour faire bonne mesure, que je devais Ă©galement m’engager Ă  ne pas parler de ce programme aux mĂ©dias ni Ă  qui que ce soit d’autre. On voulait encore me museler, me priver de mes droits constitutionnels. En regagnant ma cellule, j’ai su que je ne pourrais pas supporter ce programme de rĂ©habilitation pour dĂ©linquants sexuels. Il ne me concernait pas. Je n’étais pas une dĂ©linquante, je n’avais violĂ© personne, et je n’avais pas besoin de leur rĂ©habilitation. Les gens qui organisaient ce genre de choses, l’Etat lui-mĂȘme, ne voulaient pas comprendre ce qui s’était passĂ© entre Vili et moi. Ils Ă©taient incapables de faire la diffĂ©rence entre un violeur patentĂ© et moi. Je n’entrais pas dans les catĂ©gories dont ils s’occupaient, ils n’y trouveraient jamais ma place, puisqu’elle n’existait pas. Je me rĂ©conciliais peu Ă  peu avec l’idĂ©e qu’il vaudrait peut-ĂȘtre mieux passer sept ans et demi en prison c’était la peine que je risquais, plutĂŽt que d’essayer de convaincre la sociĂ©tĂ© qu’il s’agissait pour nous d’amour, rien que d’amour. Rien Ă  voir avec la dĂ©finition de l’abus sexuel ! Plus tard, le remplaçant de David m’a apportĂ© en prison une lettre dans laquelle David me recommandait de me conformer Ă  la loi et de suivre le programme. J’étais tellement en colĂšre que je lui ai dit en face Je me fous de ce genre de loi, je vais mĂȘme la combattre Ă  partir de maintenant ! Je lui ai tournĂ© le dos et je suis partie, en le plantant lĂ , bouche bĂ©e. Oh oui, j’allais me battre contre ça, depuis ma cellule de prison s’il le fallait ! Je voyais clair Ă  prĂ©sent. La loi voulait me faire passer pour folle, la loi m’avait sĂ©parĂ©e de mes enfants, et ça, c’était le pire des abus. » On voit les malentendus intenables auxquels conduit ce type de dĂ©fense. La premiĂšre contrepartie au fait de se dĂ©clarer malade est de perdre le droit Ă  la parole, Ă  s’expliquer, ou presque. C’est lĂ  un grave paradoxe parfaitement mis Ă  nu par Althusser dans L’Avenir dure longtemps, quand il revient sur le non-lieu dont il a bĂ©nĂ©ficiĂ© » aprĂšs le meurtre de sa femme. Il s’agit ici du droit français et non amĂ©ricain, et qui concerne un cas de figure trĂšs diffĂ©rent de celui qui nous occupe. Dans le cas d’Althusser, il y a rĂ©ellement eu une crise de folie extrĂȘmement grave dont il s’est trĂšs difficilement et trĂšs lentement remis, et il s’agissait d’une affaire de meurtre. NĂ©anmoins, la radicalitĂ© de son cas » lui permet d’aller au fond du problĂšme, problĂšme concernant Ă©galement deux systĂšmes juridiques aussi diffĂ©rents que le droit français et le droit anglo-saxon. Il raconte comment il a Ă©chappĂ© Ă  la comparution devant la cour d’assise, et les graves consĂ©quences qui s’en sont suivies Gravement atteint confusion mentale, dĂ©lire onirique, j’étais hors d’état de soutenir la comparution devant une instance publique ; le juge d’instruction qui me visita ne put tirer de moi une parole. De surcroĂźt, placĂ© d’office et mis sous tutelle par un dĂ©cret de police, je ne disposais plus de la libertĂ© ni de mes droits civiques. PrivĂ©s de tout choix, j’étais en fait engagĂ© dans une procĂ©dure officielle que je ne pouvais Ă©luder, Ă  laquelle je ne pouvais que me soumettre. Cette procĂ©dure comporte ses avantages Ă©vidents elle protĂšge le prĂ©venu jugĂ© non responsable de ses actes. Mais elle dissimule aussi de redoutables inconvĂ©nients, qui sont moins connus. 
 Quand je parle d’épreuves, je parle non seulement de ce que j’ai vĂ©cu de mon internement, mais de ce que je vis depuis lors, et aussi, je le vois bien, de ce que je suis condamnĂ© Ă  vivre jusqu’au terme de mes jours si je n’interviens pas personnellement et publiquement pour faire entendre mon propre tĂ©moignage. Tant de personnes dans les meilleurs et les pires sentiments ont jusqu’ici pris le risque de parler ou de se taire Ă  ma place ! Le destin du non-lieu, c’est en effet la pierre tombale du silence. Cette ordonnance de non-lieu qui a Ă©tĂ© prononcĂ©e en ma faveur en fĂ©vrier 1981 se rĂ©sume en effet dans le fameux article 64 du Code de procĂ©dure pĂ©nale, en sa version de 1838 article toujours en vigueur malgrĂ© les trente-deux tentatives de rĂ©forme qui n’ont pu aboutir. Il y a quatre ans, sous le gouvernement Mauroy, une commission s’est de nouveau saisie de cette dĂ©licate question, qui met en cause tout un appareil de pouvoirs administratifs, judiciaires et pĂ©naux unis au savoir, aux pratiques et Ă  l’idĂ©ologie psychiatrique de l’internement. Cette commission ne se rĂ©unit plus. Apparemment, elle n’a pas trouvĂ© mieux. Le Code pĂ©nal oppose en effet depuis 1838 l’état de non-responsabilitĂ© d’un criminel ayant perpĂ©trĂ© son acte en Ă©tat de dĂ©mence » ou sous la contrainte » Ă  l’état de responsabilitĂ© pur et simple reconnu Ă  tout homme dit normal ». L’état de responsabilitĂ© ouvre la voie Ă  la procĂ©dure classique comparution devant une cour d’assises, dĂ©bat public oĂč s’affrontent les interventions du MinistĂšre public qui parle au nom des intĂ©rĂȘts de la sociĂ©tĂ©, tĂ©moins, avocats de la dĂ©fense et de la partie civile qui s’expriment publiquement et du prĂ©venu qui prĂ©sente lui-mĂȘme son interprĂ©tation personnelle des faits. Toute cette procĂ©dure marquĂ©e par la publicitĂ© se clĂŽt par la dĂ©libĂ©ration secrĂšte des jurĂ©s qui se prononcent publiquement soit pour l’acquittement, soit pour une peine d’emprisonnement, oĂč le criminel reconnu tel est frappĂ© d’une peine de prison dĂ©finie, oĂč il est censĂ© » payer sa dette Ă  la sociĂ©tĂ© et donc se laver » de son crime. L’état de non-responsabilitĂ© juridico-lĂ©gale, en revanche, coupe court Ă  la procĂ©dure de comparution publique et contradictoire en cour d’assises. Elle voue prĂ©alablement et directement le meurtrier Ă  l’internement dans un hĂŽpital psychiatrique. Le criminel est alors lui aussi mis hors d’état de nuire » Ă  la sociĂ©tĂ©, mais pour un temps indĂ©terminĂ©, et il est censĂ© recevoir les soins psychiatriques que requiert son Ă©tat de malade mental ». Si le meurtrier est acquittĂ© aprĂšs son procĂšs public, il peut rentrer chez lui la tĂȘte haute en principe du moins car l’opinion peut s’indigner de le voir acquittĂ©, et peut le lui faire sentir. Il se trouve toujours des voix averties dans ce genre de scandale pour prendre le relais de la mauvaise conscience publique. S’il est condamnĂ© Ă  l’emprisonnement ou Ă  l’internement psychiatrique, le criminel ou le meurtrier disparaĂźt de la vie sociale pour un temps dĂ©fini par la loi dans le cas d’emprisonnement que des rĂ©ductions de peine peuvent raccourcir ; pour un temps indĂ©fini dans le cas de l’internement psychiatrique, avec cette circonstance aggravante considĂ©rĂ© comme privĂ© de son jugement sain et donc de sa libertĂ© de dĂ©cider, le meurtrier internĂ© peut perdre la personnalitĂ© juridique, dĂ©lĂ©guĂ©e par le prĂ©fet Ă  un tuteur » homme de loi, qui possĂšde sa signature et agit en son nom et place – alors qu’un autre condamnĂ© ne la perd qu’en matiĂšre criminelle ». C’est parce que le meurtrier ou le criminel est considĂ©rĂ© comme dangereux, tant Ă  son Ă©gard suicide qu’à celui de la sociĂ©tĂ© rĂ©cidive, qu’il est mis hors d’état de nuire par l’enfermement soit carcĂ©ral, soit psychiatrique. Pour faire le point, notons que nombre d’hĂŽpitaux psychiatriques sont encore restĂ©s, malgrĂ© des progrĂšs rĂ©cents, des sortes de prisons, et qu’il y existe mĂȘme pour malades dangereux » agitĂ©s et violents des services de sĂ©curitĂ© ou de force dont les profonds fossĂ©s et barbelĂ©s, les camisoles de force physiques ou chimiques » rappellent de mauvais souvenirs. Les services de force sont souvent pires que nombre de prisons. IncarcĂ©ration d’un cĂŽtĂ©, internement de l’autre on ne s’étonnera pas de voir ce rapprochement de condition induire dans l’opinion commune, qui n’est pas Ă©clairĂ©e, une sorte d’assimilation. De toute façon, l’incarcĂ©ration ou l’internement demeure la sanction normale du meurtre. Hormis les cas d’urgences, dits aigus, qui ne font pas question, l’hospitalisation ne va pas sans dommage, tant sur le patient, qu’elle transforme souvent en chronique, que sur le mĂ©decin, contraint lui aussi de vivre dans un monde clos oĂč il est censĂ© tout supposĂ© savoir » sur les patient et qui vit souvent dans un tĂȘte-Ă -tĂȘte angoissant avec le malade qu’il maĂźtrise trop souvent par une insensibilitĂ© d’affectation et une agressivitĂ© accrue. » De plus, alors que l’idĂ©ologie de la dette », et de la dette acquittĂ©e » Ă  la sociĂ©tĂ©, joue malgrĂ© tout en faveur du condamnĂ© qui a purgĂ© sa peine et, dans une certaine mesure, protĂšge mĂȘme le criminel libĂ©ré , il n’en va pas du tout de mĂȘme dans le cas du fou » meurtrier. Quand on l’interne, c’est Ă©videmment sans limite de temps prĂ©visible, mĂȘme si l’on sait ou devrait savoir qu’en principe tout Ă©tat aigu est transitoire. Mais il est vrai que les mĂ©decins sont le plus souvent, sinon toujours, bien incapables, mĂȘme pour les aigus, de fixer un dĂ©lai mĂȘme approximatif pour un pronostic de guĂ©rison. Mieux, le diagnostic » initialement arrĂȘtĂ© ne cesse de varier, car en psychiatrie il n’est de diagnostic qu’évolutif c’est l’évolution de l’état du patient qui permet seule de le fixer, donc de le modifier. Et avec le diagnostic, de fixer et modifier bien entendu le traitement et les perspectives de pronostic. Or, pour l’opinion commune, qu’une certaine presse cultive sans jamais distinguer la folie » des Ă©tats aigus mais passagers de la maladie mentale », qui est un destin, le fou est tenu d’emblĂ©e pour un malade mental, et qui dit malade mental entend Ă©videmment malade Ă  vie, et, par voie de consĂ©quence internable et internĂ© Ă  vie Lebenstodt » comme l’a si bien dit la presse allemande. Tout le temps qu’il est internĂ©, le malade mental, sauf s’il parvient Ă  se tuer, continue Ă©videment de vivre, mais dans l’isolement et le silence de l’asile. Sous sa pierre tombale, il est comme mort pour ceux qui ne le visitent pas, mais qui le visite ? Mais comme il n’est pas rĂ©ellement mort, comme on n’a pas, s’il est connu, annoncĂ© sa mort la mort des inconnus ne compte pas, il devient lentement comme une sorte de mort-vivant, ou plutĂŽt, ni mort ni vivant, et ne pouvant donner signe de vie, sauf Ă  des proches ou Ă  ceux qui se soucis de lui cas rarissime, combien d’internĂ©s ne reçoivent pratiquement jamais de visites – je l’ai constatĂ© de mes yeux et Ă  Sainte-Anne et ailleurs !, ne pouvant de surcroĂźt s’exprimer publiquement au-dehors, il figure en fait, je risque le terme, sous la rubrique des sinistres bilans de toutes les guerres et de toutes les catastrophes du monde le bilan des disparus. 
 Il faut enfin en venir Ă  ce point Ă©trangement paradoxal. L’homme qu’on accuse d’un crime et qui ne bĂ©nĂ©ficie pas d’un non-lieu a certes dĂ» subir la dure Ă©preuve de la comparution publique devant une cour d’assises. Mais, du moins, tout y devient matiĂšre Ă  accusation, dĂ©fense et explications personnelles publiques. Dans cette procĂ©dure contradictoire », le meurtrier accusĂ© a du moins la possibilitĂ© reconnue par la loi, de pouvoir compter sur des tĂ©moignages publics, sur les plaidoiries publiques de ses dĂ©fenseurs, et sur les attendus publics de l’accusation ; et par-dessus tout il a le droit et le privilĂšge sans prix de s’exprimer et s’expliquer publiquement en son nom et en personne, sur sa vie, son meurtre et son avenir. Qu’il soit condamnĂ© ou acquittĂ©, il a du moins pu s’expliquer lui-mĂȘme publiquement, et la presse est tenue, du moins en conscience, de reproduire publiquement ses explications et la conclusion du procĂšs qui clĂŽt lĂ©galement et publiquement l’affaire. S’il se juge injustement condamnĂ©, le meurtrier peut clamer son innocence, et l’on sait que cette clameur publique a fini, et dans des cas trĂšs importants, par emporter la reprise du procĂšs et l’acquittement du prĂ©venu. Des comitĂ©s peuvent publiquement prendre sa dĂ©fense. Par tous ces biais, il n’est ni seul ni sans recours publics c’est l’institution de la publicitĂ© des procĂ©dures et dĂ©bats que le lĂ©giste italien Beccaria, au XVIIIĂšme siĂšcle, considĂ©rait dĂ©jĂ , et Kant aprĂšs lui, comme la garantie suprĂȘme pour tout inculpĂ©. Or, je regrette, ce n’est pas exactement le cas d’un meurtrier bĂ©nĂ©ficiant d’un non-lieu. Deux circonstances, inscrites avec la derniĂšre rigueur dans le fait et le droit de la procĂ©dure, lui interdisent tout droit Ă  une explication publique. L’internement et l’annulation corrĂ©lative de sa personnalitĂ© juridique d’une part et le secret mĂ©dical d’autre part. » 36-43 MalgrĂ© l’extrĂȘme diffĂ©rence des circonstances, on voit bien qu’on touche lĂ  Ă  ce Ă  quoi Marie Kay a Ă©tĂ© confrontĂ©e l’impossibilitĂ© de se dĂ©fendre rĂ©ellement, c’est-Ă -dire publiquement. ImpossibilitĂ© pour elle, en tant que malade mentale » ; impossibilitĂ© pour Vili Fualaau Ă©galement, en tant que victime mineure ». D’ailleurs, l’attitude de l’opinion publique aux Etats-Unis a parfaitement reflĂ©tĂ© cette impasse duale. D’un cĂŽtĂ©, il y avait les plus conservateurs – appelons ça la droite » – qui envisageaient Marie Kay comme une criminelle qu’il fallait enfermer, de l’autre, les plus libĂ©raux – appelons ça la gauche » – qui l’envisageaient comme une malade mentale qu’il fallait soigner et protĂ©ger d’elle-mĂȘme. Deux modes de recouvrement de la situation d’amour tout aussi stupides et brutaux, absurdes et arrogants, l’un que l’autre ; deux orientations aussi oppressives l’une que l’autre. A tout prendre, sans doute valait-il mieux pour cette femme d’ĂȘtre prise pour une criminelle » et avoir de ce fait le droit de s’expliquer et de se dĂ©fendre publiquement. Telle Ă©tait bien son intention au moment du deuxiĂšme procĂšs, qui se rĂ©vĂšle malheureusement avoir Ă©tĂ© le plus terrible des procĂšs, Ă  cause de la lĂąchetĂ© dĂ©sastreuse de son lamentable avocat. AprĂšs avoir Ă©tĂ© relĂąchĂ©e suite au premier procĂšs, elle a Ă©videmment immĂ©diatement dĂ©sobĂ©it Ă  la rĂšgle de cesser de voir Vili, et fĂ»t bientĂŽt prise en flagrant dĂ©lit » par la police. Le jour du deuxiĂšme procĂšs Marie Deux autres gardes viennent enfin me chercher pour m’escorter jusqu’à la salle d’audience, un homme et une femme. L’heure de mon entrĂ©e en scĂšne a sonnĂ©. Tandis que nous descendons par l’ascenseur dans la cour spĂ©ciale du quatriĂšme Ă©tage, l’un des gardes plaisante, plus amical qu’hostile Alors, Mary, c’est encore toi la star aujourd’hui ! Le parcours se termine en silence. Mais les portes du couloir sont Ă  peine entrouvertes, que dĂ©jĂ  j’entends crier la voilà
 la voilà
 » Je me suis prĂ©parĂ©e mentalement Ă  l’assaut des mĂ©dias. Je savais que les journalistes seraient prĂ©sents au moment de l’audience, mais ça
 ça
 rien n’aurait pu m’y prĂ©parer. Aussi loin que porte mon regard, tout le long du couloir vers la salle d’audience, des douzaines, peut-ĂȘtre des centaines de reprĂ©sentants des mĂ©dias. Des camĂ©ras de tĂ©lĂ©vision perchĂ©es sur des Ă©paules, des reporters en rangs serrĂ©s brandissant des appareils photos et encore des camĂ©ras qui tournent, cliquettes, des flashes dans tous les sens. Une galerie de visages surexcitĂ©s, toute la panoplie des prĂ©sentateurs de tĂ©lĂ©vision est lĂ , regards inquisiteurs, une vĂ©ritable armĂ©e qui tente de passer de force entre les gardes et moi. Ils sont vraiment tous lĂ , Ă  dĂ©biter leurs ragots sans fin, leurs questions stupides, uniquement prĂ©occupĂ©s de sourire, toutes dents dehors, dans l’espoir d’obtenir une rĂ©ponse. Je vis un vrai cauchemar. Je voudrais me glisser rapidement au travers de cette marĂ©e humaine, me faufiler dans la salle d’audience avant que ma maigre escorte et moi-mĂȘme ne nous retrouvions submergĂ©es par l’ocĂ©an des journalistes. D’oĂč sortent-ils ? On dirait que tous les journalistes d’AmĂ©riques se sont donnĂ© rendez-vous Ă  la mĂȘme porte. Je me demande s’ils sont aussi nombreux pour les affaires de meurtre. Ont-ils seulement conscience de ce qu’ils font ? Et ces photographes qui se contorsionnent pour une malheureuse photo ! Il y en a mĂȘme un allongĂ© par terre, Ă  mes genoux, qui me mitraille depuis le sol. Les moteurs des camĂ©ras bourdonnent Ă  mes oreilles, je perçois le grĂ©sillement des flashes dans mon dos. Pensent-ils rĂ©ellement tirer quelque chose d’une photographie de ma nuque ? ! Je lance un coup de pied Ă  celui qui se traĂźne Ă  mes genoux, une bonne ruade. Il ne semble mĂȘme pas y prĂȘter attention, et continue Ă  prendre ses clichĂ©s comme un robot. Je finis malgrĂ© tout par sourire, car en dĂ©pit des bousculades, des cris et des questions, je rĂ©alise l’absurditĂ© totale du comportement de ces gens. Une meute dĂ©sordonnĂ©e. Aucun sens commun. S’ils reculaient un peu, de maniĂšre Ă  nous laisser un passage dĂ©cent, s’ils posaient au moins leurs questions l’un aprĂšs l’autre, je pourrai m’arrĂȘter et leur parler. Mais devant ça
 Impossible ! J’aimerais bien les questionner moi aussi. Qui ĂȘtes-vous ? D’oĂč venez-vous ? Que faites-vous lĂ  ? Pensez-vous rendre service Ă  la sociĂ©tĂ© ? Est-ce cela que vous appelez du journalisme ? » Je voudrais aussi leur demander pourquoi ils n’ont pas dĂ©signĂ© d’avance un photographe et un cameraman de tĂ©lĂ©vision pour filmer toute la sĂ©quence. S’ils sont rĂ©ellement obligĂ©s de couvrir l’évĂ©nement, ils n’ont qu’à se mettre d’accord, et se partager les images ensuite. De cette façon ils auraient au moins obtenus des clichĂ©s convenables. Je songe aux centaines de rouleaux de pellicules tournant en mĂȘme temps, aux kilomĂštres de prises de vue gĂąchĂ©es. Nous n’avançons presque plus. Soudain je me sens prise Ă  bras-le-corps, coincĂ©e par les Ă©paules comme un pantin, et presque transportĂ©e par les deux gardes qui serrent les rangs autour de moi. Solidaires dans la tourmente. L’homme, plus grand et plus musclĂ©, me prĂ©vient Ne t’écarte pas de nous, Mary. Je suis bien heureuse qu’il rĂ©ussisse Ă  nous frayer un chemin dans cette foule opaque. Nous nous heurtons ensemble aux portes de la salle d’audience, elles s’ouvrent soudainement, et nous nous retrouvons littĂ©ralement catapultĂ©s Ă  l’intĂ©rieur. Elles se referment derriĂšre nous dans un claquement sec. Me voici brutalement isolĂ©e, dans un autre monde. Comme si je passais d’une Ă©meute en place publique Ă  la rigueur d’une Ă©glise. La salle est fraĂźche, l’atmosphĂšre presque glaciale. Le silence rĂšgne, pas un bruit, et la vingtaine de personnes prĂ©sentes, avocats, huissiers, fonctionnaires, quelques journalistes et membres du public, demeurent parfaitement immobiles, le regard braquĂ© dans ma direction. Je me sens assez ridicule, insecte bizarre plaquĂ© contre la porte, dans cet uniforme rouge vif qui ressemble plus Ă  un pyjama qu’à un vĂȘtement. Comme une intruse, j’ai presque envie de lever les bras pour m’excuser du dĂ©rangement, et de dire Ă  ces gens que je me suis trompĂ©e d’endroit. Ce formalisme glacial m’est toujours Ă©tranger. J’aimerai bien surprendre ces visages durs et impassibles, dĂ©concerter tous ces gens en costumes sombres qui dĂ©jĂ  me condamnent. Il y a une camĂ©ra de tĂ©lĂ©vision non loin de moi, ils veulent filmer le spectacle jusqu’au bout, regarder s’effondrer la bĂȘte, l’horrible femme qu’ils cherchent Ă  crucifier. J’ai du mal Ă  tenir mes mains tranquilles. Refuge de mon angoisse, elles tremblent sur la table devant moi. Encore suffoquĂ©e par le contact de la foule, je refais lentement surface et commence Ă  reconnaĂźtre certains visages. Mon avocat David Gehrke, des amis, un ou deux psychologues, et mĂȘme le procureur Lisa Johnson. David Gehrke s’est occupĂ© de mon cas par hasard. Peu de temps aprĂšs ma premiĂšre arrestation, on m’a dit que j’aurais besoin d’un avocat. Mais je n’en avais pas. Un ami m’a parlĂ© de David et de sa famille qui habitaient dans le voisinage. Je me suis souvenue de sa femme Suzan et de leurs deux enfants, Ă  peu prĂšs du mĂȘme Ăąge que les miens. Nous avions partagĂ© quelques goĂ»ters d’anniversaire, des randonnĂ©es scolaires, je savais que Suzan Ă©tait Ă©galement institutrice. Mais j’ignorais Ă  quoi ressemblait David. 
 Nous nous sommes revus hier au soir, pour discuter des Ă©vĂ©nements d’aujourd’hui. Ne vous inquiĂ©tez pas, Mary, j’ai beaucoup Ă  dire. David est maintenant confrontĂ© Ă  la situation la plus Ă©norme de sa carriĂšre d’avocat. ExposĂ© aux mĂ©dias, contraint aux interviews et aux dĂ©bats tĂ©lĂ©visĂ©s. Cette affaire est aussi importante pour moi que pour lui. Beaucoup Ă  dire, affirme-t-il. Bien sĂ»r, mais au fond de mon cƓur, je souhaite qu’il dise les choses que je voudrais dire moi-mĂȘme. Je lui ai demandĂ© de rester ferme cette fois, de donner Ă  la cour ma version des faits. La derniĂšre fois nous nous sommes montrĂ©s conciliants, doux comme des agneaux, voire repentants. Devant le juge, j’ai dĂ» prononcer des mots tels que Je suis dĂ©solĂ©e », Je m’excuse », J’ai besoin d’aide ». Tout cela pour apaiser la cour et obtenir sa clĂ©mence. Aujourd’hui je ne souhaite apaiser personne, je veux simplement ĂȘtre franche et dire la vĂ©ritĂ©. J’en ai besoin comme de boire Ă  une source. David m’a expliquĂ© que la procĂ©dure durerait environ trois quarts d’heure, peut-ĂȘtre une heure. Mais nous sommes lĂ  depuis deux heures, et le procureur, une femme, n’a pas encore fini d’établir ses accusations Ă  l’entendre, je suis une inconsciente, une menteuse, en qui on ne peut avoir confiance, puisque j’ai ouvertement mĂ©prisĂ© la cour, le juge, la sociĂ©tĂ©, la communautĂ©, Ă©carts Ă©minemment prĂ©visibles selon elle. Je suis un danger public. J’ai compris, depuis le dĂ©but dĂ©jĂ , que cela n’était pas la justice, mais la justification de la justice par elle-mĂȘme, et celle des politiques qui la font. Si je veux connaĂźtre la justice, il faudra m’y prendre autrement. Alors que dĂ©filent les tĂ©moins de l’accusation – l’officier de police qui nous a dĂ©couverts dans la voiture, l’officier de probation, le psychiatre dĂ©signĂ© par la cour, et mĂȘme le procureur Lisa Johnson, j’attends stoĂŻquement, les mains jointes pour garder mon calme. David se lĂšve enfin. Il est difficile pour moi d’ĂȘtre ici, Votre Honneur. Je sais que je vous ai déçue, et que j’ai déçu Mary
 Je suis un ami de Mary, et aussi son avocat. J’essaie Ă©galement de prendre en compte les intĂ©rĂȘts des enfants directement concernĂ©s par cette affaire. Je parlerai d’eux briĂšvement tout Ă  l’heure
 David parle longuement de loyautĂ©, de sĂ©rĂ©nitĂ©, de la difficultĂ© d’ĂȘtre juge, et de celle de comprendre ce qui s’est passĂ©. Et combien il est difficile de prendre la dĂ©cision d’enfermer quelqu’un pour sept ans et demi, de le sĂ©parer de son enfant
 Il Ă©voque mĂȘme le jugement de Salomon. Vous avez pris la bonne dĂ©cision le 14 novembre dernier, Votre Honneur
 mais
 Et il enchaĂźne en rappelant que tous ceux qui ont critiquĂ© alors la dĂ©cision du juge Ă©taient dans l’ignorance des faits, ou avaient le cƓur trop dur. Mais pas le juge qui m’a honorĂ©e de six mois de prison, d’un traitement psychiatrique et d’une libertĂ© sur parole. Nous avons tous reconnus que Mary Ă©tait malade et qu’elle avait besoin d’aide. Malade. Chaque fois qu’il use de cet argument pour ma dĂ©fense, mon cƓur se remplit de colĂšre. David n’a pas trouvĂ© d’autre moyen lĂ©gal pour assurer ma dĂ©fense. Il n’en finit pas d’apaiser la cour, de dire qu’il est dĂ©solĂ© que sa cliente ait mĂ©prisĂ© les rĂšgles et les lois fondamentales de notre pays. Et la libertĂ© de chaque individu de disposer de lui-mĂȘme ? J’attends qu’il arrĂȘte de jouer ce jeu, j’espĂšre qu’il va enfin parler de moi, de ce que je pense et ressens, qu’il ne va pas trahir ma confiance. Mais rien
 Je crois comprendre Ă  prĂ©sent oĂč il voulait en venir, et ma gorge se noue. Il ne va pas le dire. Il n’osera pas. Je voudrais pouvoir le tirer par la manche, pour qu’il arrĂȘte de parler, et lui demander David, que signifie ce discours ? Vous parlez en mon nom ou au vĂŽtre ? Vous me dĂ©fendez, ou cherchez-vous seulement Ă  briller aux yeux de vos collĂšgues ? » Il est lĂ , en train de raconter Ă  tout le monde Ă  quel point je suis malade, il retombe dans le mĂȘme piĂšge trop simple, pour arriver Ă  la mĂȘme solution trop bĂȘte Mary est malade, qu’on la fasse soigner, il lui faut un traitement plus long. Je ne m’attendais pas Ă  ce qu’il ait de nouveau recours Ă  ce genre d’argument. Je commence Ă  ĂȘtre en colĂšre. Je ne crois pas Ă  ce discours. Je voudrais pouvoir me lever pour parler et me dĂ©fendre moi-mĂȘme. Tout cela ne sert Ă  rien. Mon avocat retombe dans la mĂȘme chausse-trappe que la premiĂšre fois, l’alternative Ă©tant Ou vous faites soigner Mary, ou vous la mettez en prison. » Personne ne peut et ne veut envisager d’autre solution ? J’ai besoin d’ĂȘtre soignĂ©e, de suivre un programme sĂ©rieux, d’avaler des pilules ou je ne sais quoi, de raconter ma vie au psychiatre ! Parce que je suis amoureuse ? Il ne veut pas leur dire. Le mot amour dans cette histoire leur fait tellement peur. L’admettre serait si simple. Mais la passion dĂ©range. Ce consensus entre la dĂ©fense et l’accusation pour me considĂ©rer non comme une femme passionnĂ©e mais comme une malade mentale, pour Ă©viter la vĂ©ritĂ© Ă  tout prix, me donne la nausĂ©e. David continue son laĂŻus. C’est sans espoir. Votre Honneur, nous avons des destins d’enfants dont vous devez maintenant tenir compte. Et de nouveau la tĂąche n’est pas facile pour vous. Il y a ce jeune garçon, qui sera déçu de la sentence, qui risque peut-ĂȘtre de devenir suicidaire, qui se sent responsable aujourd’hui, comme hier. Sa vie a Ă©tĂ© complĂštement bouleversĂ©e, il s’est retrouvĂ© l’otage des chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision, exposĂ© au ridicule, jetĂ© hors de son Ă©cole
 Il y a cette petite fille qui a besoin d’une mĂšre
 et enfin les autres enfants de Mary
 Vili n’est l’otage de personne, Ă  part des dĂ©cisions de justice qui nous empĂȘchent de nous voir. Il se moque pas mal des reportages Ă  la tĂ©lĂ©vision, il est bien capable d’envoyer promener qui il veut quand il veut. Le paradoxe, Votre Honneur, est que pour protĂ©ger ce jeune garçon, il faille mettre Mary en prison. Ce qui le dĂ©primera davantage, causera encore plus de dĂ©gĂąts, avec des consĂ©quences plus graves. La sociĂ©tĂ© n’a pas besoin de se protĂ©ger de Mary Letourneau. Son obsession n’est dirigĂ©e que vers une seule personne. La seule qui ait besoin d’ĂȘtre protĂ©gĂ©e de Mary Letourneau, c’est Mary Letourneau ! Il faut la protĂ©ger d’elle-mĂȘme, et l’enfermer n’est pas la solution pour y parvenir. Elle est dĂ©jĂ  sous surveillance par crainte de suicide, Votre Honneur
 La justice
 si difficile Ă  rendre
 La justice ! Elle est absente de cette cour. D’amour et de libertĂ© il n’est jamais question. Tout ce beau discours mĂ©riterait que je me lĂšve pour applaudir. Ou alors que je demande Ă  la cour de l’oublier complĂštement. Il ne me concerne pas. Ce ne sont pas les mots que je voulais entendre. J’ai Ă©coutĂ© le long monologue de mon avocat, il a mĂȘme su se montrer Ă©mouvant parfois, mais il n’a pas dit Ă  la cour ce que je voulais qu’elle sache. Soudain, c’est Ă  moi que le juge s’adresse Madame Letourneau, avez-vous quelque chose Ă  ajouter ? Je regarde David, l’Ɠil fĂ©roce. Il avait affirmĂ© que je n’aurais pas Ă  prendre la parole aujourd’hui. Qu’il ne s’agissait que d’une formalitĂ© ! Quelle infamie ! Il savait que je voulais m’exprimer, que je voulais crier enfin Ă  la face du monde ma version de l’histoire, et hier il m’a convaincue du contraire. On ne vous laissera pas parler, Mary. Il m’a trompĂ©e. Il regarde ailleurs, en rangeant son paquet de dossiers. Et moi, je regarde le juge, dĂ©sespĂ©rĂ©e, le suppliant des yeux, essayant de lui faire comprendre que j’aurais moi aussi des choses Ă  dire, tant de choses que je suis prise au dĂ©pourvu. Je voudrais ouvrir la bouche, me dĂ©fendre seule, hurler la vĂ©ritĂ©. Au lieu de cela, je baisse la tĂȘte. Il est trop tard, je ne m’y suis pas prĂ©parĂ©e
 La sentence tombe, elle Ă©tait prĂ©visible. Sept ans et demi de prison. En entendant le juge Lau, une femme, prononcer la phrase qui me condamne, je ressens presque du soulagement, un poids de moins sur les Ă©paules. Au moins n’aurai-je plus Ă  subir l’humiliation du programme de soutien psychologique. Me voilĂ  libre de me battre pour gagner ma cause. On vient de m’infliger sept ans et demi de prison, et pourtant ma tĂȘte est plus lĂ©gĂšre, Ă  la limite de l’euphorie. Les menottes se referment sur mes poignets, sans que je m’en rende vraiment compte. Je dois avoir l’air Ă©garĂ©. J’entends Ă  peine les paroles de rĂ©confort que l’on chuchote autour de moi. Je veux sortir d’ici, de cette cour, retourner en prison, au fond de ma cellule, d’oĂč je pourrai vraiment entamer le combat vers la libertĂ©, et la reconnaissance de la vĂ©ritĂ©. Je veux retrouver ma dignitĂ© d’ĂȘtre humain. Au moins ne suis-je plus la fausse malade qui avait soi-disant besoin d’aide, et suppliait un juge de lui pardonner ce dont elle se sent fiĂšre au contraire. Ils ont abattu leurs cartes, cette femme amoureuse est une criminelle et une violeuse. Ils ont eu ce qu’ils voulaient. Au dehors, la presse se rue sur moi. Cette fois le dĂ©lire est Ă  son comble. Mary, par ici, Mary, par là
 Comment vous sentez-vous ? Que pensez-vous ? Qu’allez-vous faire ? Que pensez-vous de 
 » Des questions sans fin, hurlĂ©es de tous cĂŽtĂ©s, abrutissantes et braillĂ©es sur tous les tons. Ils imaginent que je vais m’arrĂȘter pour leur faire un long discours ? Leur donner un compte rendu dĂ©taillĂ© de mes Ă©motions dans un couloir ? Ou bien leur faut-il simplement un rĂ©sumĂ© de quinze seconde pour le flash de midi ? Je les vois dĂ©filer comme au ralenti, tous ces visages, ces bouches glapissantes, suppliantes, avides, souriantes, quĂ©mandeuses. Des chiens qui aboient aprĂšs leur proie. Nous sommes presque arrivĂ©s mes gardes et moi, nous atteignons enfin le refuge bĂ©ni de l’ascenseur, lorsque le dernier reporter se dresse devant nous. C’est une femme. De toute Ă©vidence, elle ne travaille pas pour la tĂ©lĂ©vision, son visage n’est pas maquillĂ©, ses cheveux sont tirĂ©s en arriĂšre et nouĂ©s en queue de cheval. Elle tient son bloc devant elle, de maniĂšre agressive, presque comme une arme de dĂ©fense. Ses mots me transpercent Mary, est-ce que ça valait la peine ? Je ne peux que lui sourire. Comme je voudrais arrĂȘter le temps, et cette foule en furie, pour tout lui expliquer
 Peut-on respirer sans oxygĂšne ? Peut-on vivre sans amour ? Si seulement elle savait de quoi elle parle. » 32-40 Tout ce qui est racontĂ© ici est rĂ©voltant au dernier degrĂ©. D’abord, il y a l’absurditĂ© prĂ©datrice absolue du journalisme. La couverture publique du procĂšs n’est d’aucune protection pour l’accusĂ©e, le harcĂšlement journalistique extĂ©rieur Ă  la salle d’audience ayant pour principale fonction de recouvrir complĂštement la publicitĂ© du dĂ©roulement du procĂšs lui-mĂȘme. L’attitude de la meute dĂ©sordonnĂ©e » des journalistes avĂšre la corruption totale de l’espace public, la vacuitĂ© du journalisme, l’imposture de l’espace mĂ©diatique. Mais le plus terrible est Ă©videmment la monstrueuse veulerie de l’avocat de la dĂ©fense, dont toute la plaidoirie n’est qu’une trahison ouverte de celle qu’il est supposĂ© dĂ©fendre. Avec un tel avocat, il n’y avait guĂšre besoin d’accusateurs ! On a en quelque sorte avec lui la quintessence de l’humanisme dans toute son infamie ! Le lecteur sain d’esprit et pour qui l’amour est une chose qui compte n’a qu’une seule envie l’étrangler une bonne fois ! Il a poussĂ© la trahison jusqu’à annuler pour Marie ce qu’Althusser appelait Ă  trĂšs juste titre le droit et le privilĂšge sans prix de s’exprimer et de s’expliquer publiquement en son nom et en personne » sur son amour pour Vili. La trahison est telle que l’accusĂ©e se trouve Ă  la fin soulagĂ©e d’ĂȘtre dĂ©clarĂ©e coupable et condamnĂ©e en consĂ©quence ! La prison vaut mille fois mieux que la thĂ©rapie » car elle est au moins le lieu d’oĂč il redevient possible pour elle de se battre au nom de la vĂ©ritĂ©. Et comme Althusser, elle le fera finalement publiquement en publiant un livre commun avec Vili et Soona. D’oĂč le sentiment paradoxal de libertĂ© qui la saisit Ă  l’issue du procĂšs, malgrĂ© la lourde condamnation et la perspective de longues annĂ©es d’enfermement. Du reste, Ă  sa sortie de prison, elle s’est mariĂ©e avec Vili Fualaau, devenu entre-temps majeur », et devint ainsi Mary Kay Fualaau. Le procĂšs vient de se terminer. Le troupeau des mĂ©dias, les histrions de la cour, tous ces gens qui ont toujours voulu me condamner peuvent rentrer chez eux. Sept ans et demi de prison m’attendent. Quatre-vingt-neuf mois, plus de dix mille jours. Une condamnation historique dĂ©sormais, elle a fait le tour du monde. Le visage d’une femme amoureuse court la planĂšte, sous des titres infamants Elle a recommencĂ© ! » J’ai quittĂ© la salle d’audience avec soulagement, une curieuse sensation de libertĂ©. C’est Ă©trange, car je sors de lĂ  pour entrer en cellule, et pour longtemps, pourtant je me sens libĂ©rĂ©e. LibĂ©rĂ©e de mes fers. Du systĂšme qui m’a dĂ©jĂ  contrainte Ă  subir un traitement de redressement psychologique pour attentat Ă  la pudeur et pour viol. Je ne suis plus obligĂ©e d’abandonner mes enfants, ou, du moins, je peux lutter pour les reprendre. J’ai retrouvĂ© le droit Ă  la libertĂ© de parole. Alors, qui porte les fers ? Je suis sorti du tribunal menottes aux mains, une fois de plus. J’ai marchĂ© lentement, avec assurance, laissĂ© le temps aux camĂ©ras de filmer chacun de mes pas. C’est tellement nĂ©cessaire pour les journalistes, je fais partie de leur gagne-pain. Je leur sers de proie. Mais eux aussi devraient me servir. Je n’ai honte de rien, je revendique cette condamnation comme la plus stupide qui soit. Ce jugement comme le plus inique. M’écouteront-ils ? Le besoin d’appeler mes enfants m’obsĂšde en permanence, il faut que je leur explique ce qui se passe, qu’ils sachent que tout ira bien maintenant. Je veux faire avancer les choses dans la bonne direction, puisque je ne serai plus enfermĂ©e dans cette institution de fous. Dieu merci, j’en suis dĂ©barrassĂ©e. J’entends encore vibrer dans ma tĂȘte chaque mot de leur rapport Trois ans minimum de thĂ©rapie pour inadaptation sociale, mentale, et perversion sexuelle ». Et ils n’ont cessĂ© de faire rĂ©fĂ©rence Ă  Vili, en qualitĂ© de victime ». C’est surtout ce mot-lĂ  qui attise ma fureur contre ces gens. Victime »  Il tourne et tourne dans ma tĂȘte comme un vent de folie. La leur. Pourquoi lui fallait-il un garçon de cet Ăąge ? Elle affirme qu’il est intellectuellement et moralement en avance. » Ils n’ont jamais compris Vili. Ils ne l’ont jamais vu, jamais rencontrĂ©, encore moins Ă©coutĂ©. Et ils prĂ©tendent juger nos relations. Je suis coupable d’attentat Ă  la pudeur ? Depuis quand ? La seule chose que je suis prĂȘte Ă  accepter, c’est que nous avons eu des rapports sexuels, mais rapports sexuels ne signifie pas abus sexuels ! Ils n’ont cessĂ© de dire qu’en ayant plaidĂ© coupable je n’avais pas admis l’importance du concept d’abus sexuel. Ils ont raison dans un sens, et tort dans l’autre. Je n’ai pas admis ce concept, c’est vrai. Mais je vois bien la faille dans leur lĂ©gislation. C’est un strict point de droit qui veut Ă©tablir que des relations sexuelles entre nous Ă©quivaudraient Ă  un abus sexuel. Ils n’ont pas pris en compte un cas tel que le nĂŽtre, oĂč les deux parties sont consentantes. Et l’amour dans tout ça ? Ce mot-lĂ , ils ne l’ont jamais pris en considĂ©ration. Jamais. Et l’enfant que nous avons eu ? Notre petite Audrey est une enfant de l’amour. Ne le savent-ils pas ? 
 Dans cette prison je serai libre de vivre. Je sais que je ne peux pas sortir, que je ne peux pas dĂ©passer les limites de la clĂŽture, elle est haute et couronnĂ©e de fil barbelĂ©, mais dans les lumiĂšres aveuglantes qui illuminent tout le secteur, j’entrevois la lueur de l’espoir. 
 Je ne cherchais pas Ă  tomber enceinte, mais Dieu Ă©tait avec moi. C’était Ă  Madison Park, devant la mer, cette nuit d’hiver et d’étoiles filantes. Oh oui, c’est vrai, cet endroit n’est pas pour moi, mais maintenant je ne suis plus seule ! On ne pourra plus mettre ma dĂ©termination et ma volontĂ© Ă  l’épreuve ici, puisque je porte le deuxiĂšme enfant de Vili. Il naĂźtra en octobre. J’ai passĂ© un an et demi Ă  rĂ©sister, Ă  me battre contre la violence d’un mari et la bĂȘtise d’une sociĂ©tĂ© qui m’enferme et s’emprisonne elle-mĂȘme dans ses propres lois. Dieu m’accorde un peu de paix. Il est avec moi et Il n’est pas le seul, Vili aussi est avec moi. Mais moi je suis en cellule comme une vulgaire criminelle. Je ne veux pas que mon enfant naisse en prison. Qui, Ă  part Dieu, dois-je supplier pour que l’on m’aide ? J’appartiens Ă  une sociĂ©tĂ© protĂ©gĂ©e par des lois morales tellement rigides et si puissantes que nos droits civils ont Ă©tĂ© balayĂ©s sans scrupule. Ceux de Vili et les miens. Aidez-nous. Nous avons pris, je le sais, un chemin diffĂ©rent des autres, le chemin le moins empruntĂ©, mais nous ne sommes plus au Moyen-Âge, oĂč l’on brĂ»lait les femmes, les pĂ©cheresses », les sorciĂšres », qui osaient aimer hors de leur mariage. Seigneur, j’ai obĂ©i aux lois de ma religion, j’ai tout fait pour que l’erreur de ma premiĂšre union ne se termine en dĂ©sastre pour personne d’autre que moi. J’ai Ă©tĂ© assez punie. L’amour ne connaĂźt pas de lois. L’amour est arrivĂ© dans ma vie comme la foudre, venu du cƓur et du corps de ce jeune guerrier, de ce poĂšte, mon Ăąme sƓur. Mon double. Pardonnez au moins, si vous ne comprenez pas. Vili a quinze ans Ă  prĂ©sent, il est pĂšre, et personne ne veut toujours l’entendre. Je vous en prie Ă©coutez-le ! Il n’est pas une victime ! Je ne suis pas une criminelle. Notre seul crime, c’est l’amour. » 293-297 Pour tĂ©lĂ©charger le texte en pdf Articles Similaires Titre Page load link ActualitĂ©s PubliĂ© le 09/08/2010 Ă  22h31 , mis Ă  jour le 04/10/2018 Ă  11h45 Lecture 1 min. GĂ©nĂ©ralement, il est conseillĂ© aux femmes ayant eu une fausse couche d'attendre un certain temps avant d'entamer la prochaine grossesse. Et bien il s'agit-lĂ  d'un mauvais conseil, selon une Ă©tude anglaise qui estime plus le dĂ©lai entre la fausse couche et la grossesse suivante est grand, plus les risques de complications sont importants. En clair, mieux vaut tomber enceinte dans les 6 mois suivant une fausse couche ! Les chercheurs de l'universitĂ© d'Aberdeen Ecosse ont passĂ© en revue les donnĂ©es concernant quelque 30 937 femmes Ă©cossaises ayant eu une fausse couche pour leur premiĂšre grossesse et qui, par la suite, ont pu mener une grossesse Ă  terme. RĂ©sultats les grossesses des femmes survenant moins de 6 mois aprĂšs la fausse couche ont les taux les plus bas de complications. A l'inverse, celles qui surviennent plus de 2 ans aprĂšs sont plus Ă  risques. En particulier, les taux de fausse couche 10,3 % pour un dĂ©lai infĂ©rieur Ă  6 mois VS 12,4 % pour un dĂ©lai supĂ©rieur Ă  24 mois ou de grossesse extra-utĂ©rine 0,4 % VS 1,6 % sont proportionnels au dĂ©lai. Quant au taux de grossesses arrivĂ©es Ă  terme, il est plus Ă©levĂ© Ă  moins de 6 mois 85, 2% qu'Ă  plus de 2 ans 73,3 %. Selon les auteurs, il n'est donc pas nĂ©cessaire d'attendre pour retomber enceinte aprĂšs une fausse-couche. Ils ajoutent qu'il faudrait revoir les recommandations actuelles de l'Organisation Mondiale de la SantĂ© OMS, qui prĂ©conisent un dĂ©lai minimum de 6 mois. Les auteurs prĂ©cisent toutefois que certains motifs mĂ©dicaux des signes d'infection notamment peuvent nĂ©cessiter un certain dĂ©lai. Le principal Ă©tant que les femmes soient bien conseillĂ©es en fonction de leur situation particuliĂšre. Ils recommandent enfin qu'aprĂšs “une fausse couche, les femmes puissent disposer de conseils pour optimiser leur Ă©tat de santĂ© avant et pendant la grossesse, de maniĂšre Ă  mieux prĂ©parer la future conception“. Suivez votre grossesse semaine aprĂšs semaine SourcesSource “Effect of interpregnancy interval on outcomes of pregnancy after miscarriage retrospective analysis of hospital episode statistics in Scotland“, Love, BMJ, 05 aoĂ»t 2010 lire l'Ă©tude en ligne Ce que vous allez trouver dans cet article[Masquer]1. La rĂ©ponse du GynĂ©cologue sur le dĂ©lai Ă  respecter aprĂšs un curetage2. Le curetage, une pratique sans danger particulier3. Le curetage l’intervention et ses suites Jusqu’à quand je dois attendre pour pouvoir tomber enceinte aprĂšs avoir subi un curetage ? » C’est la question d’une jeune femme, dĂ©jĂ  maman d’une petite fille de 3 ans, poussĂ©e par le souhait d’une nouvelle grossesse. Il y a un mois, on a dĂ» me faire un curetage suite Ă  un avortement spontanĂ© Ă  10 semaines de grossesse. J’ai Ă©galement un antĂ©cĂ©dent de fausse couche il y a un an, sur une grossesse de 12 semaines. D’aprĂšs son gynĂ©cologue, elle n’aurait aucun problĂšme, mais son Ăąge 39 ans peut rendre la conception plus difficile et augmente la frĂ©quence des fausses couches. Que faire pour retomber rapidement enceinte ? Y a-t-il un dĂ©lai Ă  respecter aprĂšs la fausse-couche ? AprĂšs ma premiĂšre fausse-couche, j’ai dĂ» attendre 6 mois. Qu’est-ce qui fait que mes fausses-couches se rĂ©pĂštent ? Merci. » La rĂ©ponse du GynĂ©cologue sur le dĂ©lai Ă  respecter aprĂšs un curetage La plupart des avortements spontanĂ©s surviennent sans qu’on ne retrouve leur cause exacte. Une nouvelle grossesse est envisageable, Ă  condition de prendre les bonnes prĂ©cautions. Par exemple, des examens sont nĂ©cessaires pour Ă©carter des problĂšmes de santĂ©. Votre Ăąge ne constitue pas un frein Ă  la conception et au maintien d’une grossesse. Beaucoup de femmes ont leurs premiers enfants aprĂšs 40 ans. Seule la nature peut dire si vous ĂȘtes encore fertile, car les cellules reproductrices vieillissent Ă  leur propre rythme. Les exigences de la vie active peuvent altĂ©rer les capacitĂ©s reproductives. Je vous recommande de procĂ©der Ă  quelques examens pour dĂ©couvrir la raison de vos fausses couches. Le curetage, une pratique sans danger particulier La fin d’une grossesse, qu’elle soit voulue ou non, est toujours mal vĂ©cue par la femme. Le traumatisme occasionnĂ© par un curetage suscite la crainte ainsi souvent que le terme lui-mĂȘme quand la procĂ©dure n’est pas connue exactement. Pourrais-je retomber enceinte par la suite ? Est-ce que je ne risque pas d’avoir des sĂ©quelles du curetage ? » Ces questions figurent parmi les plus rapportĂ©es. Les techniques mĂ©dicales actuelles ont rendu le curetage moins dangereux qu’il y a une cinquantaine d’annĂ©es. L’intervention est effectuĂ©e par un gynĂ©cologue, sous anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale ou loco-rĂ©gionale. GĂ©nĂ©ralement, la sĂ©ance prend une demi-heure, tout au plus. Evidemment, le progrĂšs n’enlĂšve pas le poids psychologique et physique de l’opĂ©ration, mais le risque de complications est extrĂȘmement rĂ©duit. Le curetage l’intervention et ses suites Il y a 50 ans, les mĂ©decins pratiquaient encore le curetage avec une curette, un instrument ressemblant vaguement Ă  une cuillĂšre, qu’ils introduisaient dans l’utĂ©rus pour en gratter la paroi. Actuellement, la technique fait appel Ă  un systĂšme d’aspiration qui cause moins de lĂ©sions sur le muscle et la muqueuse de l’utĂ©rus. La curette est passĂ©e ensuite doucement pour une derniĂšre vĂ©rification, car l’objectif du curetage est de ne laisser aucun dĂ©bris Ă  l’intĂ©rieur de l’utĂ©rus. Bien que les complications soient rares, vous pourrez avoir quelques saignements et une douleur ressemblant aux douleurs des rĂšgles pendant quelques jours. GĂ©nĂ©ralement, vous serez Ă  nouveau sur pied au bout de 2 semaines. Attendez toutefois au moins 2 cycles pour tomber enceinte aprĂšs le curetage, afin de donner Ă  l’utĂ©rus le temps de rĂ©cupĂ©rer et ayez confiance dans les capacitĂ©s naturelles du corps humain pour rĂ©cupĂ©rer ! La Vip titleContent est rĂ©alisĂ©e par un professionnel de santĂ© du travail par exemple, un collaborateur mĂ©decin du travail, un interne en mĂ©decine du travail, un infirmier si le salariĂ© ne prĂ©sente pas de risques la fin de la Vip, le professionnel de santĂ© peut, s'il l'estime nĂ©cessaire, orienter le travailleur vers le mĂ©decin du le salariĂ© est reconnu travailleur handicapĂ© ou titulaire d'une pension d'invaliditĂ© ou travailleur de nuit, la Vip est rĂ©alisĂ©e par le mĂ©decin du travail dans un service de prĂ©vention et de santĂ© au Vip est rĂ©alisĂ©e dans un dĂ©lai maximum de 3 mois Ă  partir de la prise effective du poste de un travailleur de nuit ou un salariĂ© de moins de 18 ans, la visite est rĂ©alisĂ©e avant son affectation. Le mĂ©decin du travail peut demander des examens spĂ©cialisĂ©s complĂ©mentaires, qui sont Ă  la charge de l' obligatoires lors du dĂ©roulement de la visite Interrogation du salariĂ© sur son Ă©tat de santĂ©Information sur les risques liĂ©s au poste de travailSensibilisation sur les moyens de prĂ©vention Ă  mettre en ƓuvreInformation du salariĂ© de son droit de bĂ©nĂ©ficier, Ă  tout moment, d'une visite Ă  sa demande avec le mĂ©decin du travailUn dossier mĂ©dical en santĂ© au travail est la fin de chaque Vip titleContent, le mĂ©decin du travail ou le professionnel de santĂ© dĂ©livre une attestation de suivi au travail au salariĂ© et Ă  l' mĂ©decin du travail n'a pas le droit de transmettre Ă  l'employeur des informations mĂ©dicales concernant le noter sous certaines conditions, un salariĂ© nouvellement recrutĂ© peut ĂȘtre dispensĂ© de la Vip. Les congĂ©s pour Ă©vĂ©nements familiaux - GĂ©rer le personnel - Editions Tissot -p-GĂ©rer le personnelRĂ©fĂ©rence absences exceptionnelles de courte durĂ©e, rĂ©munĂ©rĂ©es par l'employeur, sont autorisĂ©es Ă  l'occasion d'Ă©vĂšnements familiaux tels qu'un mariage, une naissance ou un dĂ©cĂšs. D'autres, plus longues, prĂ©vues en cas de naissance ou d'adoption, entraĂźnent une suspension du contrat qui s'accompagne d'une interruption du versement du sont les droits des salariĂ©s en congĂ© pour Ă©vĂšnements familiaux ? Que devez-vous savoir pour gĂ©rer au mieux ces demandes de congĂ© ?La bonne mĂ©thodeCas 1 - GĂ©rer les congĂ©s pour Ă©vĂšnements familiaux de courte durĂ©eLes congĂ©s pour Ă©vĂšnements familiaux sont des absences autorisĂ©es rĂ©munĂ©rĂ©es, mais soumises au respect de certaines que votre salariĂ© remplit les conditionsTout salariĂ© peut en bĂ©nĂ©ficier quels que soient son anciennetĂ© et l'effectif de l' tous les cas, le salariĂ© doit adresser Ă  l'employeur une demande de congĂ©s, avec justification de l'Ă©vĂ©nement certificat de naissance, de dĂ©cĂšs, etc..VĂ©rifiez que le congĂ© est pris dans un dĂ©lai raisonnable Le congĂ© peut ĂȘtre pris le jour oĂč l'Ă©vĂ©nement survient ou dans un dĂ©lai raisonnable avant ou aprĂšs l' cas de mariage d'un enfant, le congĂ© peut ĂȘtre pris le jour du mariage, mais aussi la veille ou le le salariĂ© est absent de l'entreprise le jour de l'Ă©vĂ©nement pour une autre raison congĂ©s payĂ©s, maladie, etc., il ne peut pas prendre ces jours de congĂ© Ă  son retour dans l' est en congĂ©s payĂ©s au moment de son mariage, l'employeur peut refuser de lui accorder les 4 jours de congĂ©s lĂ©gaux pour mariage. En revanche, il peut y prĂ©tendre s'il pose ses congĂ©s payĂ©s juste avant ou juste aprĂšs les 4 s'agit d'un dĂ©cĂšs, les rĂšgles sont les mĂȘmes le congĂ© ne peut pas ĂȘtre pris si le dĂ©cĂšs intervient pendant des congĂ©s payĂ©s, sauf accord de l' rĂšgle s'applique Ă©galement dans le cas oĂč l'Ă©vĂ©nement interviendrait lors de prise de jours de rĂ©duction du temps de travail RTT ou de jours de rĂ©cupĂ©ration et non de congĂ©s le congĂ© de deuil de 8 jours pour le dĂ©cĂšs d'un enfant ou d'une personne Ă  charge de moins de 25 ans voir ci-dessous peut ĂȘtre pris dans l'annĂ©e qui la durĂ©e de l'absence La durĂ©e lĂ©gale autorisĂ©e du congĂ© varie selon le type d' ou remariage du salariĂ©4 joursConclusion d'un pacs par le salariĂ©4 joursNaissance ou adoption pour un mĂȘme salariĂ©, cumulables avec le congĂ© de paternitĂ©, mais pas avec un congĂ© de maternitĂ© ou d'adoptionAu 1er juillet 2021 le congĂ© de naissance court, au choix du salariĂ©, le jour de la naissance ou le 1er jour ouvrable qui suit ;y sont Ă©ligibles le salariĂ© pĂšre, conjoint, concubin de la mĂšre ou liĂ© Ă  elle par un joursMariage ou remariage de son enfant1 jourDĂ©cĂšs du conjoint mariĂ©, concubin ou pacsĂ©3 joursDĂ©cĂšs d'un enfant de 25 ans ou plus5 joursDĂ©cĂšs d'un enfant lui-mĂȘme parent, quel que soit son Ăąge7 joursDĂ©cĂšs d'un enfant de moins de 25 ans voir Ă©galement ci-dessous7 joursDĂ©cĂšs d'une personne de moins de 25 ans Ă  la charge effective et permanente du salariĂ© voir Ă©galement ci-dessous7 joursDĂ©cĂšs du pĂšre ou de la mĂšre 3 joursDĂ©cĂšs d'un frĂšre ou d'une soeur 3 joursDĂ©cĂšs du beau-pĂšre ou de la belle-mĂšre entendus seulement comme les parents du conjoint3 joursAnnonce de la survenue d'un handicap chez un enfant2 joursAnnonce de la survenue d'un cancer ou d'une pathologie chronique et Ă©volutive chez un enfant2 joursNotez-le Depuis le 1er juillet 2021, les jours pour Ă©vĂ©nements familiaux sont des jours ouvrables. Seule l'absence pour dĂ©cĂšs d'un enfant ou personne Ă  charge de moins de 25 ans ou d'un enfant lui-mĂȘme parent, se dĂ©compte en jours procĂ©dure particuliĂšre n'est prĂ©vue pour formaliser votre rĂ©ponse. L'accord peut ĂȘtre tacite, verbal ou Ă©crit. En cas de refus, pour Ă©viter tout litige, vous pouvez prĂ©ciser par Ă©crit que vous n'avez pas Ă©tĂ© informĂ© ou que vous vous opposez aux dates retenues par le salariĂ© hors dĂ©lai raisonnable.CongĂ© pour enfant atteint d'un cancer ou d'une pathologie chroniqueÀ effet du 19 dĂ©cembre 2021, ce congĂ© est accordĂ© aux salariĂ©s, sur prĂ©sentation d'un justificatif. Aucune condition d'anciennetĂ© n'est requise. Le salariĂ© peut en faire la demande par tout moyen. Un accord collectif peut toutefois imposer des modalitĂ©s particuliĂšres. Ce congĂ© a une durĂ©e minimale de 2 jours ouvrables, pouvant ĂȘtre augmentĂ©e par accord d'entreprise ou, Ă  dĂ©faut, de pathologie doit ĂȘtre chronique, Ă©volutive, avoir un fort retentissement sur la vie quotidienne et nĂ©cessiter un apprentissage congĂ© n'entraĂźne aucune rĂ©duction de la rĂ©munĂ©ration et est Ă©galement assimilĂ© Ă  du temps de travail effectif pour la durĂ©e des congĂ©s lĂ©gal de deuil de 8 jours pour le dĂ©cĂšs d'un enfant ou d'une personne Ă  charge de moins de 25 ansEn cas de dĂ©cĂšs de son enfant de moins de 25 ans ou d'une personne Ă  sa charge effective et permanente de moins de 25 ans, le salariĂ© a droit, en plus du congĂ© de 7 jours, Ă  un congĂ© de deuil de 8 jours, qui peut ĂȘtre fractionnĂ©. Il peut le prendre dans les 12 mois qui suivent le dĂ©cĂšs, et doit vous informer au moins 24 heures avant chaque congĂ© de deuil peut ĂȘtre fractionnĂ© en deux pĂ©riodes, d'au moins 1 journĂ©e chacune. L'indemnisation est fractionnĂ©e de la mĂȘme perçoit pendant la durĂ©e du congĂ© des indemnitĂ©s journaliĂšres de la SĂ©curitĂ© sociale, sous rĂ©serve de cesser son activitĂ©, dans les mĂȘmes conditions qu'un congĂ© de maternitĂ©, complĂ©tĂ©es par l'employeur en vue du maintien de salaire. Celui-ci est subrogĂ© dans les droits du salariĂ© aux indemnitĂ©s indemnitĂ©s ne sont pas cumulables avec celles versĂ©es pour maladie, maternitĂ©, paternitĂ©, adoption, accident du travail ou la durĂ©e du congĂ© ne peut pas ĂȘtre imputĂ©e sur celle du congĂ© payĂ© les erreursLe rĂŽle des RPLes sanctions possiblesNotre conseilQuestions rĂ©ponsesVous ĂȘtes sur une version de dĂ©monstrationRĂ©volutionnez votre quotidien avec l’offre ACTIV. Conçue pour vous accompagner de l'embauche jusqu’au dĂ©part des salariĂ©s, la solution GĂ©rer le personnel ACTIV allie l'information synthĂ©tique des fiches pratiques Ă  l'interactivitĂ© des procĂ©dures Lumio pour vous permettre de trouver rapidement des rĂ©ponses adaptĂ©es et personnalisĂ©es Ă  votre dĂ©couvre l'offreModĂšles Ă  tĂ©lĂ©chargerTableau rĂ©capitulatif des congĂ©s pour Ă©vĂšnements familiauxCongĂ© de maternitĂ© durĂ©esFormulaire de transmission des pĂ©riodes de fractionnement en cas de congĂ© de paternitĂ©Fiches associĂ©esTextes officielsC. trav., art. L. 1225-17 et suivants congĂ© de maternitĂ©, L. 1225-35 Ă  L. 1225-36, D. 1225-8 et D. 1225-8-1 congĂ© de paternitĂ© et d'accueil du jeune enfant, L. 1225-37 Ă  L. 1225-46-1 et R. 1225-9 Ă  R. 1225-11 congĂ© d'adoption, L. 3142-1 et L. 3142-1-1 congĂ©s pour Ă©vĂ©nement familial, L. 3142-1, L. 3142-1-1 et D. 3142-1-1 congĂ© de deuilCSS, art. L. 331-3 et suiv. et D. 331-3 Ă  D. 331-6 indemnisation des congĂ©s de maternitĂ© et de paternitĂ©, L. 331-9 et D. 331-6 indemnisation du congĂ© de deuil d'un enfant de moins de 25 ansCass. soc., 5 juillet 2017, n° les avantages accordĂ©s par la convention collective en cas de mariage doivent Ă©galement bĂ©nĂ©ficier aux salariĂ©s qui se pacsentArrĂȘtĂ© du 24 juin 2019 unitĂ©s de soins spĂ©cialisĂ©es pour la prolongation du congĂ© de paternitĂ© en cas d'hospitalisation immĂ©diate de l'enfantLoi n° 2020-692, du 8 juin 2020 et dĂ©cret n° 2020-1233, du 8 octobre 2020 augmentation des durĂ©es des congĂ©s pour dĂ©cĂšs d'un enfant et fractionnementLoi n° 2020-1576, du 14 dĂ©cembre 2020, art. 73, et dĂ©cret n° 2021-574, du 10 mai 2021 dĂ©compte en jours ouvrables des congĂ©s pour Ă©vĂ©nements familiaux, allongement du congĂ© d'adoption et du congĂ© de paternitĂ©, et rĂ©forme du congĂ© de naissance au 1er juillet 2021Loi n° 2021-1678, du 17 dĂ©cembre 2021 accompagnement des enfants atteints de pathologies chroniques ou de cancersLoi n° 2022-219, du 21 fĂ©vrier 2022, art. 25 assouplissement du congĂ© d'adoption

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